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Last Falls
19 octobre 2014

Chapitre 3: Textes des vidéos politiques (2012)

À propos de l'affaire DSK (texte de la vidéo du 15/05/2012). Bonjour, nous sommes le 15 mai 2012. Aujourd'hui François Hollande, nouveau président de la république française, prend officiellement ses fonctions, mais une autre affaire affectait et affecte encore la classe politico-médiatique française et internationale: il s'agit bien entendu de l'affaire Dominique Strauss-Kahn puisqu'il y a un an presque jour pour jour, le 14 mai 2011, Nafissatou Diallo, femme de chambre au Sofitel de New York, aurait subi une agression sexuelle de la part de Dominique Strauss-Kahn, homme politique français et international. On peut se poser la question, un an après les faits: quel bilan tirer de cette affaire Dominique Strauss-Kahn?

Outre le traumatisme subi par la victime Nafissatou Diallo le jour de son agression mais aussi par la suite, lorsque les journalistes l'ont attaquée, ont remis en cause sa crédibilité, sa bonne foi, l'ont traitée de manipulatrice, outre donc le traumatisme subi par la victime en la personne de Nafissatou Diallo vers qui va toute notre compassion, il convient également de situer cette question dans une perspective politique plus générale.

En quelques mots, toute l'attention du public a été focalisée sur la vie privée de l'intéressé, Dominique Strauss-Kahn, et ce au détriment de son mauvais bilan à la tête du FMI, bilan du FMI qui était déjà mauvais auparavant mais il n'a rien fait pour arranger les choses. Il prétend avoir résolu les problèmes économiques et financiers liés à la crise mondiale mais il n'a rien résolu du tout. On le voit bien à travers l'exemple de pays tels que la Grèce, et finalement à travers l'exemple de tous les pays puisqu'il s'agit bien d'une crise mondiale: des problèmes comme le chômage et la baisse du pouvoir d'achat n'ont pas été résolus, n'ont fait qu'empirer, et ce sous la présidence de Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds Monétaire International.

Sans vouloir minimiser l'importance ni la gravité des faits commis à l'encontre de la personne de Nafissatou Diallo, les journalistes ont occulté la dimension politique et mondiale de la mauvaise action de Dominique Strauss-Kahn. Tout se passe comme si le FMI était à l'abri des critiques journalistiques, tous se passe comme si les journalistes se refusaient à critiquer l'action d'une organisation telle que le Fonds Monétaire International.

Sur le plan politique, François Hollande n'est pas fondamentalement différent de Dominique Strauss-Kahn. Simplement, les commentateurs savent qu'il attirera moins l'attention sur sa vie privée et que sa politique paraîtra donc plus légitime. Mais il s'agit de deux aspects différents de la vie politique, que les journalistes ont tendance à situer sur le même plan.

Note: Monsieur Strauss-Kahn ne comprend pas que même s'il affirme ne pas avoir commis d'agression, le fait qu'il ait reconnu une "relation inappropriée" revient à admettre une approche qui a pu être vécue comme agressive par la partie adverse, non par brutalité physique ni même par intimidation, mais simplement par indécence et par absence de consentement mutuel. Quelle que soit l'issue du jugement, et indépendamment de la signification strictement juridique des termes mis en avant, celle-ci n'épuisant pas le champ de l'interprétation psychologique, Nafissatou Diallo pourra toujours se clamer victime d'agression sexuelle sans préjudice procédurier incontestable à son encontre. Connaissant ses droits, elle en est certainement consciente.

 

Pour la reconnaissance du vote blanc (texte de la vidéo du 10/06/2012). Nous sommes le 10 juin 2012. Aujourd'hui s'ouvrent les élections législatives françaises. C'est l'occasion une nouvelle fois, pour l'électorat français mécontent de l'offre politique actuelle, de rappeler son intention de rupture vis à vis du régime et du système en place en mettant des bulletins blancs dans les urnes, comme à l'occasion des précédentes élections présidentielles.

Il est habituellement reproché au vote blanc de ne pas œuvrer à de véritables changements. Le vote blanc est donc assimilé par ses détracteurs, à tort, à l'abstention ou au vote nul. Il s'agit pourtant de trois démarches différentes. L'abstention marque le désintérêt de l'électeur pour la politique en général. Le vote nul, lui, correspond à une manière de tourner la politique en dérision ou de la considérer avec ironie. Le vote blanc, au contraire, témoigne de l'intérêt sérieux que l'électeur porte à la politique tout en lui permettant de manifester son désintérêt pour l'ensemble des options proposées, jugées incomplètes, insatisfaisantes ou ne correspondant tout simplement pas aux attentes de l'électeur.

Le fait d'avoir rendu illégale la distribution de bulletins blancs devant les bureaux de vote le jour des élections répond à une intention, de la part des principaux acteurs politiques en présence et des institutions, d'écarter le danger que représente pour eux le vote blanc. D'ailleurs, pour ne citer qu'un exemple, François Hollande et ses partisans encouragent, lors de leur campagne, à donner une majorité législative à ce qu'ils appellent la politique du changement. Or, le changement ne peut venir d'un parti incarnant l'un des deux piliers de l'arc républicain, à moins d'avoir l'intention de changer soi-même, ce qui n'est évidemment pas le cas. À l'inverse, d'autres formations politiques proposent la reconnaissance du vote blanc dans leur programme mais n'en précisent pas forcément les modalités d'application ultérieure, et leur démarche implique que l'électeur approuve par ailleurs l'ensemble de leur programme, chantage et incohérence qui entraînent le citoyen dans une impasse. Plutôt que d'assimiler la défense du vote blanc à une entreprise marginale et périphérique, il faudrait inscrire la reconnaissance du vote blanc dans la Constitution afin de permettre à l'ensemble des citoyens de reprendre en main la destinée démocratique de leur pays, afin d'inciter les hommes politiques à se remettre en question et à prendre en compte les aspirations et les revendications de l'ensemble des catégories populaires ainsi que des idéologies alternatives.

 

Pour sortir de la crise économique (texte de la vidéo 18/06/2012). Comment sortir de la crise économique est l'un des grands enjeux politiques actuels. Il faut donc passer en revue les différentes solutions habituellement proposées afin de désigner quelle serait la meilleure, puis pointer du doigt les limites idéologiques du débat afin d'aller plus loin dans la prospective, dans ce qu'il faudrait envisager de faire concrètement.

La première solution qui s'impose à l'évidence consiste dans la reprise de la croissance économique, soit sous une forme sans limites a priori, soit dans sa variante dite modérée, telle que préconisée par le gouvernement socialiste actuel. Se pose toujours le problème du financement. Qui va payer? Où va-t-on trouver l'argent? Plus les crises s'accumulent dans l'Histoire, plus les investisseurs se montrent frileux. Reste à se tourner vers le contribuable de base qui, lui, confronté à une crise de plus en plus dure, est de moins en moins enclin à payer plus d'impôts.

On en arrive en outre à une situation absurde où ce n'est plus un besoin spécifique qui va motiver la mise en œuvre d'un projet, mais où c'est la seule volonté de résoudre la crise qui va générer la recherche de projets à mettre en œuvre, que ce soit de grands travaux alors que les politiques de grands travaux sont déjà arrivées à saturation, que ce soit en construisant une route là où il n'y a pas lieu d'en construire mais parce que cela permet de créer des emplois, que ce soit à travers la mise au point d'un vaccin contre une maladie improbable, non pour des raisons de santé publique valables mais parce que c'est un moyen comme un autre, indirectement, de stimuler la consommation. Par conséquent, l'évidence n'implique pas toujours la facilité ni surtout le bon sens.  

La deuxième solution pourrait découler de l'échec de la première. Il s'agit tout simplement de la stagnation, c'est à dire du fait de ne rien faire, de l'inaction et de l'inertie ayant déjà caractérisé, d'une manière générale, les partis politiques ainsi que leurs gouvernements successifs. Cette solution qui n'en est pas une repose sur la croyance erronée que les problèmes peuvent se résoudre d'eux-mêmes, ex nihilo, avec le temps, ou pour une raison inconnue ou incomprise.

La troisième solution réside dans la rigueur budgétaire. La maîtrise des dépenses publiques ne doit pas faire débat. Tout budget se doit, dans l'intérêt général, d'être bien géré, de manière équitable. Ce qui doit faire débat, c'est la relation sémantique arbitraire établie entre rigueur budgétaire d'un côté, plus ou moins d'État de l'autre. La question de savoir si l’on investit plus ou moins dans l'État manque de précision. Dans la mesure où l'État est de toute façon nécessaire à la régulation de l'économie, la question qui doit se poser est: quel usage va-t-on en faire?

Sous prétexte de rigueur budgétaire et de maîtrise des dépenses publiques, les tenants des idées néolibérales en viennent à s'en prendre à des services publics vitaux, ce qui est inadmissible.

L'être humain finira par réaliser, peut-être trop tard, que les véritables richesses sont les ressources naturelles, et que les solutions à la crise sont à chercher du côté de la défense et de la revalorisation des forêts et de l'agriculture, et de la régulation de la démographie par la mise en place de politiques antinatalistes et par l'abolition pure et simple des prestations sociales trop coûteuses qui constituent l'État providence.

 

Pour la nationalisation des banques (texte de la vidéo du 25/06/2012). Le secteur bancaire se trouve au cœur de la crise économique. Dans un contexte persistant de spéculation financière à outrance qui ne sait jamais tirer les leçons de ses erreurs passées, c'est avec une attention particulière qu'il faut considérer la possibilité de nationaliser les banques dans l'intérêt de l'État et de ses contribuables.

La nationalisation des banques par un État n'est ni un précédent historique, ni un cas d'école. Cette proposition apparaît néanmoins comme incongrue à une époque où l'étatisme se voit remis en cause avec une agressivité accrue par les fanatiques de la libre entreprise et par le modèle social-démocrate et consumériste qui leur correspond globalement.

D'un point de vue contemporain, synchronique, il existe un consensus encadré par le discours politique dominant, promu par les médias d'information les plus visibles, favorable à une corrélation entre les banques et une logique tenant d'avantage de l'économie de marché à grande échelle plutôt que d'une gestion raisonnée, d'une régulation volontaire et autoritaire.

D'un point de vue archéologique, diachronique, des motifs de non-conflictualité entre élites dirigeantes du secteur public et du secteur privé, motifs de non-conflictualité relevant d'un héritage d'après-guerre et tendant à caractériser des puissances vieillissantes et décadentes telles que la République française, constituent un obstacle majeur à la réalisation de réformes audacieuses et pourtant salutaires.

Outre le manque de volonté politique lorsqu'il s'agit de soumettre le monde de la finance à l'autorité de l'État, s'ajoutent les contraintes imposées par des entités supranationales telles que l'Union européenne corroborant les intérêts des sociétés multinationales ainsi que des groupes de pression qui les représentent.

En somme, c'est la complicité même entre les dirigeants actuels de l'État bipolaire et les banques privées qui empêche la nationalisation des banques dans des pays tels que la France, où seules des formations trotskystes auraient procédé à une telle réquisition, dont la finalité concerne plus généralement l'ensemble des citoyens dans un esprit de réappropriation de l'économie par le peuple.  

 

Pour les services publics, contre l'État-providence (texte de la vidéo 02/07/2012). La dialectique entre secteur public et secteur privé nous incite à voir dans l'État un ensemble homogène s'affirmant d'un seul bloc et s'exprimant d'une seule voix, n'ayant pour adversaires que ceux, aussi nombreux soient-ils, qui chercheraient à le détruire depuis l'extérieur. Mais la notion d'État recouvre des aspects complexes et parfois concurrentiels, au point même où la menace provient, dans certains cas, de l'intérieur.

L'État, c'est d'abord la forme juridique, légale, administrative, officielle et unique donnée à un peuple fort de ses traditions culturelles, de son unité linguistique ou plurilinguistique, de sa continuité territoriale avant le rattachement éventuel d'autres régions du monde, de son évolution au gré de ses rencontres et de ses échanges avec d'autres peuples qui viennent enrichir son histoire. L'État, c'est la garantie et la protection du droit accordée à tous les membres d'une même nation.

L'État, ce sont aussi des institutions et des pouvoirs exécutifs, législatifs et juridictionnels pour diriger la nation, tout en déléguant une partie de leurs compétences aux régions, aux départements, aux cantons et aux communes afin de faciliter et d'améliorer la gestion locale.

L'État, ce sont enfin des services, des prestations et une bureaucratie.

Les services publics, moyennant impôts et taxes, mettent à la disposition de tout un chacun effectifs et infrastructures assurant des activités vitales pour la population telles que la santé, l'eau, l'énergie, les transports, le courrier, l'éducation, la justice, la sécurité et d'autres encore.

Les prestations sociales de l'État-providence prennent en charge une partie des dépenses liées aux frais de maternité, de durée des soins de santé, de logement, de cessation d'activité professionnelle ou encore de retraites des seniors. La bureaucratie, quant à elle, s'occupe des formalités afférentes aux divers services et prestations.

Même dans l'hypothèse optimiste d'une démographie régulée, seuls les services publics sont essentiels et doivent être défendus, car le bien qu'ils font aujourd'hui sera toujours valable demain. L'État-providence, de par sa vocation de dépannage éphémère, ne saurait perdurer dans le long terme. Quant à la bureaucratie, plus elle prend d'importance et plus son efficacité diminue.

Il n'y a pas de raison à ce que l'État prenne en charge à lui seul toute la misère humaine, trop lourde pour ses épaules. Les entreprises privées se doivent, en contrepartie de l'abolition des charges sociales et par des salaires élevés, adaptés au coût de la vie, ainsi que par une obligation d'emploi, de contribuer à la solidarité générale.

 

À propos de l'Union Européenne (texte de la vidéo du 09/07/2012).  L'Union Européenne s'est voulu un modèle de pacification historique et économique, trouvant les racines de ses préoccupations dans les grands conflits ayant marqué les pays occidentaux au cours du dix-neuvième siècle et du vingtième siècle notamment, mais elle apparaît aujourd'hui comme un facteur de déception et de frustration, en premier lieu pour les peuples directement concernés.

Réseaux criminels internationaux, censure politique des États membres, absence de barrières protectionnistes et néo-colonialisme constituent autant d'aspects rédhibitoires condamnant le projet communautaire européen sous sa forme actuelle.

Au moment d'ouvrir les frontières entre pays membres, une grande erreur a été de ne pas créer d'armée européenne ni même de police européenne, ce qui aurait été non seulement bien utile mais aussi nécessaire afin de lutter contre le problème de l'internationalisation des réseaux criminels.

L'abolition généralisée de la peine de mort, en même temps qu'elle contribue à amoindrir la souveraineté nationale des États sur des questions de droit pénal, offre une immunité aux crimes les plus graves englobant non seulement les crimes de sang mais aussi la criminalité financière, dont on connaît l'impact catastrophique sur l'économie.

Les relations entre les États et l'entité administrative européenne finissent toujours par révéler une sclérose et un handicap gouvernementaux. Au lieu de nous servir de l'Union pour créer plus d'emplois chez nous, nous délocalisons encore plus qu'avant. Au lieu d'encourager notre agriculture, nous la brimons et nous importons en masse des denrées américaines, chinoises ou autres. Au lieu d'interdire l'élevage industriel intensif, nous le protégeons. Dans de telles conditions, la super-étatisation conduit tout droit à l'anti-étatisation, à l'absurdité et au non-sens.

Terminons par un mauvais exemple néocolonialiste. En vertu d'un accord intergouvernemental, des chalutiers européens sont autorisés à pêcher abondamment dans les eaux territoriales du Cap Vert, privant ainsi les Capverdiens de leurs ressources alimentaires naturelles.

 

À propos du communautarisme (texte du 16/07/2012). Le communautarisme, ou la tendance à cloisonner, à compartimenter une nation ou une civilisation en regroupant les individus selon des caractéristiques communes, se situe au carrefour de diverses problématiques dont l'histoire coloniale, postcoloniale et néocoloniale, le racisme et les libertés privées.

Après avoir colonisé des pays d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne et d'autres continents, les grandes puissances occidentales, qui continuent à piller les ressources de ces pays, continuent également à en faire venir les émigrés afin de leur confier les travaux pénibles que d'autres ne veulent pas faire. Il en résulte deux principaux modèles de civilisation: d'une part le multiculturalisme à l'américaine, d'autre part la mixité républicaine à la française.

En suivant des cheminements différents, ces deux modèles se rejoignent dans le fait de marginaliser les communautés issues de l'immigration, parce que ces deux modèles commettent la même erreur qui consiste à vouloir imposer la même formule de manière uniforme, sans laisser le choix aux populations concernées.

Dans tous les cas de figure, le refus tacite et caractérisé de reconnaître la diversité régionale, ethnique et culturelle comme une composante du patrimoine historique, revient à encourager une forme de racisme, c'est à dire de hiérarchisation discriminatoire et dévalorisante entre les différences.

Néanmoins, le communautarisme lié à l'immigration ou au racisme ne peut être analysé dans les mêmes termes que le communautarisme lié à des tendances relevant de la vie privée, et ce en raison même de la différence de nature entre sphère publique et sphère privée.

 

Contre le racisme (texte de la vidéo du 22/07/2012). Parler du racisme est toujours délicat de peur d'adopter un point de vue trop partial, et finalement les personnes les mieux placées pour parler du racisme sont toujours celles qui ont été victimes d'actes racistes, soit en guise de témoignage de leur propre passé ou de celui de leurs ancêtres, soit au moment de déposer plainte car, comme le rappellent à juste titre les autorités, le racisme n'est pas un point de vue mais un délit voire un crime.

Insistons sur le fait que le racisme est une tendance profondément délictueuse ou criminelle dans la mesure où il consiste à exclure une personne en raison de ses origines, de son type ethnique ou de sa couleur de peau, privant ainsi cette personne des potentialités que lui offre la civilisation afin d'assurer sa subsistance.

La lutte contre le racisme requiert non seulement un civisme élémentaire mais aussi un devoir de courage et d'opiniâtreté individuels sans relâche, car la question raciale est malheureusement ancrée dans l'humanité depuis les origines de l'espèce, et nous ne sommes jamais parvenus, à ce jour, à nous en débarrasser définitivement.

L'Homo Sapiens ne doit peut-être son règne sur Terre qu'au génocide de l'homme de Neandertal, génocide dont il se serait rendu coupable et qui trouverait aujourd'hui encore de lointains échos à travers sa réticence à admettre l'éventualité d'autres espèces humaines sur Terre, comme par exemple le gorille et le chimpanzé malgré le patrimoine génétique que nous partageons avec ces espèces.

Le terreau du racisme, ce sont avant tout les idéologies spécistes et humanistes via l'idée selon laquelle l'être humain serait supérieur aux autres espèces.

Cette notion arbitraire de supériorité de l'espèce humaine servirait de premier socle argumentatif à ceux qui défendent une conception de la nature éprouvée par les rapports de domination, conception qu'ils appliqueraient à leur propre espèce partagée, selon eux, entre peuples dominants et peuples dominés.

L'homme blanc, grand esclavagiste et colonisateur, est le premier responsable historique du racisme dans le monde, sans commune mesure avec ce que l'humanité a pu connaître auparavant.

Les massacres perpétrés par l'homme blanc au cours des siècles ont été d'une telle ampleur et d'une telle intensité que la perspective d'un racisme anti-blanc, si elle n'est pas à exclure totalement, est cependant dérisoire en comparaison avec les autres formes de racisme.

Indépendamment de la question du racisme, aucune agression ne doit être tolérée, et le modèle de liberté d'expression à l'américaine ne doit pas se généraliser, sous peine d'assister à la banalisation des injures à caractère raciste quel que soit le peuple visé.

Pour autant, le rejet du modèle culturel colonial par les peuples colonisés ne doit pas être considéré comme une forme de racisme, car aucun peuple n'est censé subir la dictature d'un autre peuple, aucune culture n'est transcendante par rapport à une autre culture. Chaque civilisation, chaque ethnie, chaque tribu, chaque clan, chaque famille se définissent avant tout dans leur champ d'immanence, et si tant est que l'humanité ait globalement progressé dans un quelconque domaine, c'est par ailleurs grâce aux échanges, parce que nous avons appris à progresser ensemble.

 

À propos d'Israël (texte de la vidéo du 29/07/2012). La question israélienne fait partie de ces sujets sensibles sur lesquels nous sommes toujours tentés de donner notre avis même sans être directement impliqués dans le conflit, animés par un sentiment de coresponsabilité historique nous amenant à prendre position. D'un point de vue éthique, il s'agit à la fois de condamner puis d'écarter l'antisémitisme tout en admettant qu'il est possible de remettre en cause la légitimité de l'État d'Israël sous sa forme actuelle, dans un élan de solidarité eu égard aux souffrances endurées par les populations palestiniennes.

L'antisémitisme, ou plus précisément la judéophobie, n'a aucune justification en tant que tel, constituant une forme de xénophobie voire de racisme, encourageant en toute gratuité l'hostilité belliqueuse à l'encontre d'un peuple. S'il faut prendre position pour les Palestiniens, ce n'est pas au nom d'une haine contre les Juifs, haine qui n'a pas lieu d'être.

Dans le contexte de la diaspora juive et a fortiori dans celui de la shoah, le peuple juif a la particularité d'être incritiquable ou difficilement critiquable. En-dehors de ce contexte, dont on mesure toute l'importance et toute la gravité historiques, le peuple juif demeure un peuple comme tous les autres peuples, qui doit être conscient de ses mérites mais aussi assumer ses responsabilités ainsi que sa culpabilité quand il y a lieu de le faire.

Quelles qu'aient été les souffrances du peuple juif durant la seconde guerre mondiale, fait historique que nous ne remettons pas en cause, il a été extrêmement maladroit de la part de la communauté internationale de créer l'État d'Israël avec si peu de concertation, en sollicitant dans une mesure aussi faible l'avis des Palestiniens. Il aurait fallu, comme on demande l'autorisation à un hôte avant de s'installer chez lui, s'enquérir prioritairement de l'opinion palestinienne à ce sujet avant d'entreprendre quelle que démarche que ce fût sans son accord.

Il apparaît avec le recul, et même oserait-on dire avant le recul, que l'État d'Israël n'a été créé que pour offrir aux grandes puissances occidentales un emplacement stratégique au sein des pays arabes, motivation qui ne pouvait se révéler, tôt ou tard, que source de conflits regrettables.

Il faut rendre la Palestine aux Palestiniens, créer un État palestinien et n'accorder à l'État israélien que la place que les populations palestiniennes voudraient bien lui concéder, puis dédommager en valeurs immobilières et financières les populations juives ainsi rapatriées en Occident.

Aussi discutable et même extravagante que semble cette proposition aux yeux de certains, les réseaux d'influence sionistes et les soutiens internationaux dont ils bénéficient la rendent malheureusement inapplicable en tout état de cause, ce qui autorise le pessimisme au regard des aspirations palestiniennes.

 

À propos des traditions (texte de la vidéo du 05/08/2012). Notre identité collective fait partie de notre identité individuelle et nous aide à comprendre qui nous sommes, ce qui nous amène à considérer comme centrale la question des traditions et de la manière dont nous nous situons par rapport à elles.

Les traditions et les valeurs dont elles dépendent sont essentielles, car elles se sont affirmées dans la transmission d'une génération à l'autre, créant ainsi le lien nécessaire entre l'humanité et sa propre histoire.

Les traditions culturelles représentent l'héritage que nos ancêtres nous ont légué, les valeurs traditionnelles ayant pour but de nous aider à appréhender les situations de la vie, forts de l'expérience de ceux qui nous ont précédés.

La modernité sous sa forme la plus radicale s'est distinguée par sa volonté de faire table rase des traditions, mais on ne peut construire une civilisation sur du vide. Aussi, de même qu'il est absurde de refuser systématiquement toute idée de progrès, de même est-il inconcevable de rejeter catégoriquement l'enseignement du passé.

Les différentes traditions ethniques du monde se sont développées, chacune à sa façon, en rapport avec l'environnement naturel au sein duquel les populations ont évolué.

Soulignons l'importance de la nature à la base des différents modes de pensée traditionnels: au-delà même des traditions humaines, l'enjeu le plus fondamental réside dans le lien qui nous unit à l'environnement dont nous sommes issus.

La génération se trouvant à l'origine de toute vie, soulignons également le fait que tout être humain naît de l'union entre un homme et une femme. De ce fait, si, dans une civilisation donnée à un moment donné de son histoire, il a été légitimement établi que tous les citoyens ont les mêmes droits en tant que citoyens, aucune sexualité ne peut se comparer à celle qui donne la vie. Le mariage doit rester entre un homme et une femme.

 

À propos de la liberté d'expression (texte de la vidéo du 12/08/2012). La liberté d'expression fait l'objet de débats caractérisant toute civilisation portée par des ambitions démocratiques. C'était déjà vrai au cours des siècles précédents, cela l'est encore plus à une époque marquée par la banalisation des technologies numériques et des réseaux d'information en principe mis à la disposition du plus grand nombre. Il faut donc prendre en considération à la fois les éléments de définition antérieurs au phénomène Internet et ceux qui lui sont contemporains.

Compte tenu des implications à la fois privées et publiques de ce débat, si une question pouvait résumer à elle seule toutes les interrogations qu'il suscite, cette question serait la suivante: qu'est-ce qui, de la sphère privée, personnelle et intime, peut être révélé dans la sphère publique, accessible et connue de tous, et à quelle condition?

L'individu, dans sa dimension première et irréductible, se situe au cœur de la vie privée. Assuré de ce qui lui appartient en propre, il doit pouvoir rester maître de toute information le concernant. Quelle que soit la manière dont il a choisi de divulguer ou de ne pas divulguer des aspects de sa vie, avec un droit de rétractation, la définition éthique et légale de la liberté d'expression doit exclure toute insulte, toute calomnie, toute diffamation, toute atteinte aux droits d'auteurs et à la propriété intellectuelle, toute référence à la situation professionnelle, financière, sexuelle, sentimentale ou familiale, toute utilisation desdites données personnelles sans l'accord de la personne concernée.

Une fois écartées les attaques ad hominem, qui ne présentent aucun intérêt, la liberté d'expression se révèle dans toute sa richesse et dans toute sa subversion bénéfique dès lors qu'il s'agit de promouvoir le débat d'idées et, à travers lui, la critique des institutions financières et politiques ainsi que des tendances que la société s'efforce d'imposer aux individus contre leur gré.

L'impératif de protéger les individus, sans pour autant les priver de leur droit de faire de leur propre vie ce que bon leur semble, permet de comprendre simultanément pourquoi les propos racistes doivent être condamnés, y compris dans l'art et dans la littérature, et pourquoi, en revanche, la liberté formelle des artistes doit rester absolue, ou encore pourquoi un domaine tel que la pornographie entre adultes consentants doit être autorisé, ainsi que sa libre diffusion auprès d'un public majeur et averti.

 

Pour le respect de la vie privée (texte de la vidéo du 19/08/2012). On a vu, à travers la liberté d'expression, l'importance de combattre le racisme et, par ailleurs, la pertinence de rendre licite la pornographie entre adultes majeurs. Ces deux exemples parmi d'autres d'une dynamique tantôt exclusive, tantôt inclusive, témoignent d'une double détermination tout aussi incontournable que l'individualité pour saisir le sens de la vie privée.

Si la sphère publique tend à se définir comme un environnement sans limite a priori, la sphère privée, quant à elle, s'appuie volontairement sur la restriction et sur l'auto-restriction. Il en ressort que ces deux environnements sont relativement extensibles, de manière pacifique ou conflictuelle selon l'importance accordée de part et d'autre à la délimitation territoriale.

Dans le champ de la vie privée, la notion d'individualité, propre à chaque être physique, biologique et mental, appelle à être complétée par la notion de personnalité, recouvrant l'ensemble des caractéristiques rendant unique chaque individu, et par la notion de subjectivité, désignant sa complexité affective, émotionnelle et sentimentale.

Dans le champ de la vie publique liée au secteur privé, la distinction de droit économique entre secteur public et secteur privé a été détournée au profit de l'expansion sans limites de sociétés nationales ou multinationales, ainsi préjudiciables aux espaces publics et privés. Chacun devrait avoir le droit à la préservation de son intégrité matérielle, corporelle et psychologique, c'est à dire au respect de sa vie privée dans l'honneur, la dignité, le recueillement et la sérénité.

 

Pour l'égalité hommes/femmes (texte de la vidéo du 26/08/2012). À une époque où, dans n'importe quel pays, peu importe le peuple et peu importe la culture, une femme peut mourir tous les jours sous les coups de son conjoint, le débat autour du partage du droit entre l'homme et la femme revêt encore un caractère d'urgence et de priorité.

Si l'on évoque plus volontiers l'égalité en droit et si, de ce fait, la formulation du partage du droit semble étrange voire inadéquate, encourager l'égalité en droit entre tous les êtres humains revient pourtant à préconiser un partage équitable du droit entre les hommes et les femmes.

L'histoire ancienne nous renvoie l'image en partie mythique et en partie réaliste d’un déséquilibre initial via la suprématie physique de l'homme sur la femme, suprématie physique sublimée par le pouvoir tribal, citoyen, monarchique ou républicain, marginalisant l'existence avérée de civilisations matriarcales ou d'épisodes matriarcaux. L'histoire récente nous ramène au développement économique comme principale cause directe ou indirecte de l'émancipation de la femme par rapport à l'homme et de la résolution de ce déséquilibre initial.

Malgré la décadence, la légitimité des traditions se confirme par le désir naturel de conserver des identités bien marquées, avec une virilité rigoureuse et sobre pour les hommes, et une féminité douce et raffinée pour les femmes. Malgré certains conservatismes déplacés, la politique moderne a démontré sa part de vérité à travers la nécessité pour chaque être, homme ou femme, de suivre son propre devenir. L'homme et la femme sont faits pour s'aimer. Si l'amour ne peut être proclamé par décret ni régenté, il n'y a pas de véritable amour sans consentement mutuel ni réciprocité.

 

Pour une démographie régulée (texte de la vidéo du 02/09/2012). Le couple et la famille traditionnels ne se sont jamais aussi bien portés, non évidemment sur le plan de la pérennité structurelle mais plutôt sur le plan de la fécondité maternelle, si l'on en juge par la croissance exponentielle de la démographie humaine, compte tenu du fait que nous vivons de plus en plus vieux, que nous faisons de plus en plus d'enfants et que nous disposons de moins en moins de ressources. Le phénomène démographique humain se situe dans la convergence entre les relations hommes/femmes et l'importance accrue de l'écologie au sein du débat politique. Or, plus nous sommes nombreux, moins nous avons de ressources, et plus ce débat tend à basculer dans l'enjeu collectif au détriment de la seule liberté individuelle.

Ici comme ailleurs, la stigmatisation géopolitique, nationale et raciale doit être écartée, puisque la surpopulation affecte tous les continents du monde et toutes les couleurs, depuis l'Europe occidentale jusqu'au golfe de Guinée en passant par de grandes villes américaines telles que Mexico ou Los Angeles, ainsi que l'Asie du sud-est pour ne citer que quelques exemples.

Les remèdes malthusiens ou maoïstes de régulation de la démographie par le contrôle du nombre des naissances ont déjà été partiellement appliqués dans des pays tels que l'Inde ou la Chine. Le monde s'en porte-t-il mieux pour autant? À terme non, car ces remèdes se sont avérés insuffisants vu l'état d'urgence de la situation actuelle. Il faudrait envisager la radicalisation du propos et même d'aller au-delà de cette radicalisation, en évoluant d'une gestion globale à une totale responsabilisation de l'individu face aux intérêts collectifs. 

Même avec l'ambition individualiste de bien-être et de qualité de vie optimale pour chacun, ambition légitime et louable, et surtout avec une telle ambition, vient un moment où, tôt ou tard, il faut mesurer les effets des décisions individuelles sur le collectif car, comme par un retour de boomerang, le collectif finit toujours par avoir des répercussions sur l'individuel.

Même si, malheureusement, aucun gouvernement n'en prend le chemin, dans l'intérêt même des enfants injustement exposés contre leur gré à la précarité, à la souffrance et à la maladie, il faudrait interdire la procréation à tout foyer incapable d'assurer financièrement et matériellement l'avenir de ses enfants au moins jusqu'à l'âge de la majorité. Concernant les seniors, force est de proposer l'abolition des retraites, mais à la condition sine qua non  d'une politique active de plein emploi et de salaires élevés qui permettrait aux familles de prendre en charge, dans les meilleures conditions possibles, les dernières années de leurs aînés.

 

À propos des religions (texte de la vidéo du 09/09/2012). La religion se retrouve au fondement de toute culture humaine. À l'heure où les civilisations industrielles et post industrielles prétendent encore, au nom des idéaux républicains, avoir fait table rase des religions, paradoxalement la question de la place des religions au sein des civilisations ne s'est jamais autant posée qu'en ces temps de perte de repères et de valeurs, de réactions fanatiques instrumentalisées, de désabusement politique généralisé. À moins de souscrire à un mouvement, qui malheureusement se généralise lui aussi, de laxisme et de délitement juridique, c'est bien dans le cadre de l'état de droit qu'il convient de poser une telle question.

Si la démarche laïque s'est imposée comme la plus logique et la plus juste dans des pays de mixité philosophique, il existe plusieurs manières de définir et d'appliquer cette démarche. Toute laïcité n'est pas forcément bonne, pas forcément adaptée à la population à laquelle elle s'adresse.

L'exemple et le contre-exemple français, exemple et contre-exemple parmi d'autres, portent le fardeau d'un lourd passé colonial appuyé par des tendances colonialistes encore vivaces, tout en se plaignant d'être colonisés à leur tour par des immigrés que la France a elle-même fait venir. Voilà l'exemple type d'un pays à forte tradition catholique, ayant partiellement renié son héritage catholique tout en l'exacerbant dans le racisme, et dont le modèle de laïcité se voit aujourd'hui dans l'incapacité d'intégrer l'islam, car ce modèle laïque a été pensé davantage en rapport avec une religion en particulier et au singulier, plutôt qu'en rapport avec les religions en général et au pluriel.

Parce que les citoyens devraient toujours avoir le choix, et au nom de ce choix, la loi devrait admettre la possibilité du multiculturalisme et de ses diverses manifestations, y compris à travers les signes dits ostentatoires de telle ou telle religion.

Afin de rétablir l'équilibre en droit entre les différents cultes religieux, l'État français devrait reclasser en monuments du patrimoine historique les églises construites sur son territoire avant le vingtième siècle, églises dont l'entretien serait financé par les deniers du contribuable, tout en permettant aux fidèles de continuer à y célébrer l'office moyennant une contribution financière pour la location de la salle.

Selon la même logique d'amélioration de la laïcité dans les pays où la laïcité s'avère possible et souhaitable, amélioration de la laïcité par la liberté et par la responsabilité, tout investisseur privé, peu importe sa nationalité, devrait également avoir le droit de construire l'édifice religieux qu'il souhaite là où il le souhaite, pourvu qu'il en ait les moyens financiers.  

 

À propos de la mondialisation (texte de la vidéo du 16/09/2012). Les mots ont plusieurs sens et la polysémie s'est enrichie au gré de l'Histoire. Si la mondialisation, en tant que système d'échanges économiques et autres entre nations étrangères les unes aux autres, a toujours plus ou moins existé, elle a développé au cours des dernières décennies des particularités récurrentes d'une décennie à l'autre, particularités qui n'existaient pas auparavant ou qui existaient dans une moindre mesure.

Dans un premier temps, une mise au point terminologique s'impose entre mondialisation, globalisation, mondialisme et globalisme. La mondialisation s'appuie sur une coopération durable entre plusieurs pays. La globalisation s'y ajoute quand les standards, les technologies, les flux et les produits prennent une dimension planétaire. Le mondialisme privilégie les échanges transfrontaliers dans sa vision de la politique. Le globalisme vise une dimension sans limites.

Dans un deuxième temps, on mettra en exergue le fait que, la fin de la Guerre Froide aidant, mondialisation, globalisation, mondialisme et globalisme tendent depuis vers la même réalité, à savoir l'impérialisme triomphant de sociétés privées multinationales uniquement motivées par l'appât du gain. Malgré des progrès dont certains d'entre nous bénéficient tous les jours, on retiendra que cette mondialisation-là a fait plus de mal que de bien.

Comme une confirmation logique de ce désabusement, les méthodologies développées par Milton Friedman dans le cadre de la globalisation des marchés, pas plus que les stratégies de gestion agressives de Michael Porter, ne permettront au tout venant de fonder de nouveaux empires multinationaux. Tout au plus nous permettront-elles de comprendre, jusqu'à un certain point, comment ce système a prétendu se mettre en place et comment il entend soi-disant fonctionner.

Les graves échecs de cette mondialisation-là parlent d'eux-mêmes. À ce titre, les situations injustes et cruelles ne manquent pas. Citons-en deux ou trois. Première situation: le désormais tristement célèbre Dominique Strauss-Kahn, du temps de son mandat à la tête du FMI, avait voulu effacer la dette du Congo, mais dans le seul but de servir les intérêts occidentaux, en concluant des accords avec les dirigeants congolais au détriment de la population congolaise. Deuxième situation: dans le même état d'esprit, l'Angola, gros producteur de pétrole, de diamants, de cuivre et d'uranium, laisse pourtant plus de la moitié de sa population en-dessous du seuil de pauvreté. Troisième situation: la pêche industrielle thaïlandaise, de son propre chef et sous la pression de la demande internationale, exploite dans des conditions d'esclavage un demi-million de pêcheurs birmans, avec une absence de traçabilité due à la complexité de la chaîne de production et de distribution, empêchant d'enrayer ce triste phénomène.

Il ne faut pas en conclure que l'altermondialisme ne dispose d'aucune assise concrète, car la mondialisation n'a pas toujours été ce qu'elle est aujourd'hui. Si, à cause de la mauvaise volonté des dirigeants et de la corruption dans laquelle ces derniers se complaisent, l'idéal n'a jamais été atteint, idéal d'un état de droit mondialisé, constitué par des entités nationales et supranationales, dont le travail consisterait à autoriser, à favoriser et à protéger l'autogestion, la gestion locale ainsi que l'autonomie démocratique régionale, des personnes de bonne volonté se mobilisent tous les jours pour entreprendre des actions citoyennes et écologiques, accréditant l'espoir, aussi faible soit-il, en une mouvance altermondialiste constructive.

 

Contre la mafia (texte de la vidéo du 22/09/2012). D'un point de vue civilisationnel, la mafia constitue l'une des pires tares que l'humanité ait jamais connue, raison pour laquelle les élus politiques n'en parlent jamais et ne font jamais rien contre elle, l'autre principale raison étant bien sûr la corruption, puisque les collusions entre milieux mafieux et milieux politiques sont de notoriété publique, même si, par crainte, par lâcheté, par hypocrisie, par indolence et par bêtise, tout le monde ou presque tout le monde s'obstine à nier l'évidence, à faire comme si de rien n'était.

Comme il existe des mafias dans tous les pays et dans toutes les cultures, une définition basée sur l'état d'esprit, sur l'intention, sur la finalité, nous permettra de comprendre les enjeux du problème mafieux en général mieux que n'importe quelle approche purement technique ou nominative.

Qu'est-ce qu'une mafia? En des termes simples, une mafia apparaît quand une organisation officieuse, n'ayant aucune légitimité légale ni aucune légitimité tout court, prétend concurrencer l'état de droit sur son propre terrain tout en niant, partiellement ou totalement, ledit état de droit. On voit bien, à travers cette définition, que la mafia repose à la fois sur le déni du droit et sur le règne du non droit. Cette incohérence rend la mafia récusable et méprisable dès ses fondements. 

Complétons le propos par une rapide évocation de la genèse historique et de la causalité du phénomène, en partant des grandes lignes de l'Histoire ancienne pour arriver à celles de l'Histoire récente, toujours en privilégiant l'esprit par rapport à la lettre.

De l'Histoire ancienne nous retiendrons que l'humanité a malheureusement précédé l'état de droit. Les régimes politiques sont nés de l'injustice et de la cruauté des seigneurs. L'autocensure du pouvoir que constitue la loi écrite n'est d'abord apparue que pour ratifier, sous une forme stable, l'auto-proclamation aberrante de l'emprise des forts sur les faibles.

Avec l'avènement des républiques modernes, les privilèges indus n'ont fait que changer de mains, et ce n'est qu'au prix de luttes incessantes que le simple individu, le simple citoyen de base, a pu reprendre à son compte le respect de la loi comme gage du respect de sa propre vie contre ses oppresseurs, qui avaient la présomption de s'affirmer en maîtres et de vouloir faire de lui leur esclave. Mais ni le rang, ni la fortune, ni l'audace, ni le scandale, ni le mensonge, ni la mauvaise foi ne justifient la confiscation, à laquelle se livre encore l'Histoire récente et contemporaine, d'un respect dû, en principe, à tout un chacun par devoir universel des uns envers les autres.

Il y aurait urgence à ce que L'État s'investisse dans une politique offrant aux citoyens l'opportunité non plus de survivre sous la tutelle de l'assistanat ni sous l'emprise de la criminalité, mais de vivre dans la dignité du travail, dans la sécurité des salaires et dans la justice de la relocalisation. Car c'est le désinvestissement de l'État dans le domaine de l'économie qui contribue à la prospérité des réseaux mafieux quand la population se retrouve, de ce fait, livrée à elle-même à son propre détriment. Et si la prévention ne suffisait pas contre la mafia, alors le bras armé de la loi prendrait le relais pour sévir comme il se doit.

 

Pour une gauche antisocialiste (texte de la vidéo du 29/09/2012). L'humanité actuelle traverse une période durable de misère politique et de misère en général, de déception vis à vis du socialisme et des idéologies qui, à un niveau institutionnel ou plus informel, se réclament de la gauche tout en ayant une reconnaissance, un écho médiatique assurant leur position dominante au sein du débat le plus visible par tous. La question qui se pose revient à interroger les sensibilités dites de gauche afin de leur proposer une alternative, en remontant dans le temps plus loin que ne l'ont fait les mouvances dites contre-culturelles, de façon à remettre à plat les notions d'individualité, d'État et de relation entre ces notions.  

C'est avec raison et clairvoyance que les déçus du socialisme se demanderont à quelle condition il est possible de définir un antisocialisme de gauche, tout en sachant qu'un tel antisocialisme, en plus de s'inscrire en faux par rapport au reste de la gauche, affirmerait une position contraire voie opposée à celle de l'antisocialisme néolibéral. Écartons d'emblée toute confusion entre des idées n'ayant en commun que l'homonyme.

Dans un premier temps, il faut comprendre que la dialectique entre la société d'une part, et d'autre part l'individu limité, fort de sa liberté de conscience et de sa propriété privée, ne remonte ni à Marx, ni à Proudhon, ni même à la déclaration universelle des droits de l'homme, mais à la philosophie théologique et scholastique, c'est à dire à la pensée du Moyen Age. Ainsi la gauche et la droite propres à la modernité politique s'appuieraient sur des paradigmes antérieurs, et leur remise en cause passerait par le regard critique de la mystique rhénane, bien avant la Renaissance puis les Lumières.

Dans un deuxième temps, et dans un esprit de contestation par rapport à la propagande la plus ancrée dans les mentalités, il s'agirait d'admettre le fait que tout ce qui relève du social représente une dégénérescence et une aliénation, car une atteinte à l'individu en tant que donnée biologique et psychologique incontestable. Il en découlerait, envers et contre toutes les erreurs historiques de plus en plus oppressantes, qu'une organisation politique digne de ce nom, que l'on attend toujours depuis des millénaires, ne se contenterait pas d'une quelconque satisfaction globale ni statistique, mais de la protection et du bien-être de chaque individu respecté, considéré, définitivement acquis à lui-même, et ce quelle que soit sa position hiérarchique et financière. Le but de l'État serait de préserver l'individu contre la société. L'antisocialisme, antihumaniste et antirépublicain, est un étatisme en même temps qu'un individualisme au sens le plus noble.

Dans un troisième temps, et pour confirmer encore le caractère malsain des utopies sociales, dissocions le social du collectif et réhabilitons les terminologies individuelles, familiales, ethniques et civilisationnelles contre le tout social, qui cherche à réduire toute collectivité à une appellation unique et homogène. L'individu incarne la forme la plus fondamentale et la plus irréductible d'une espèce vivante donnée; étendu aux objets inanimés, il transcende même le vivant. La famille honore les liens du sang et crée ses propres signes distinctifs de reconnaissance. Quand ces signes s'étendent à d'autres individus, on parle d'ethnie. Quand ils gagnent d'autres groupes humains par-delà l'épreuve du temps, on parle de civilisation. Quand les relations s'imposent, dans le mal-être et dans le malheur, au détriment des individus, des familles, des ethnies, des civilisations, des identités et de leur libre détermination, le règne du social et du sociétal commence hélas, et seule une forte volonté politique peut arrêter ce fléau.

Plus concrètement, l'antisocialisme de gauche, ayant dénoncé avec dégoût le laxisme et la soumission ainsi que l'apparence trompeuse de la modération antitotalitaire affichée par ses principaux adversaires, siègerait à la gauche de l'extrême gauche au parlement, attaché autant à l'État qu'à l'individu, qu'à tous les individus et non à une caste privilégiée. On peut toujours rêver: même les anarchistes n'ont pas accès au parlement; seuls s'y rendent quelques partis consensuels, toujours plus ou moins les mêmes.

Si l'antisocialisme prenait un jour le chemin d'une organisation politique, ce ne serait que sous l'impulsion extraordinaire d'une puissance financière conséquente. Encore faudrait-il que ladite puissance financière, sous une forme fidèle à l'idéologie de départ et non sous une forme dévoyée, trouve un quelconque intérêt à sa mise en œuvre.

Créer une page web sous la dénomination d'une internationale antisocialiste aurait alors pour objectif, loin de la constitution d'un véritable groupe, tout au plus l'éveil d'une communauté de pensée entre lecteurs solitaires qui ne se connaîtraient pas nécessairement mais qui partageraient certaines idées, à rebours des partis politiques existants, des régimes socio-démocrates, républicains ou dictatoriaux n'écoutant qu'eux-mêmes au lieu d'écouter leurs citoyens comme ils auraient le devoir de le faire. 

L'antisocialisme, en libérant la gauche de l'humanisme et contre l'humanisme, révèlerait pourtant le lien, la compréhension absente, la clé entre les droits inaliénables de l'individu, droits de vie et de mort de chacun sur sa propre existence dans le respect de celle d'autrui, la démocratie directe et le renforcement du droit, la garantie des services publics et l'abolition des prestations sociales, la priorité rendue au respect de l'environnement en même temps que la souveraineté absolue de chacun dans la limite de ses droits et de ses devoirs, pour une humanité enfin consciente et responsable, à juste titre convaincue de son libre arbitre.

 

Pour une écologie radicale (texte de la vidéo du 07/10/2012). La conscience écologique semble avoir progressé au sein des populations, en même temps que le sentiment d'une détérioration accrue de l'environnement, ces deux phénomènes ne constituant pas un paradoxe psychologique mais s'expliquant mutuellement, surtout quand la prise de conscience n'est pas forcément suivie des faits. Une telle préoccupation devrait pourtant nous inciter à radicaliser notre pensée, notre discours et surtout notre action écologiques. Reste à nous interroger sur les conditions et sur la possibilité d'une radicalisation de l'écologie dans notre monde.

Les politiques liées à la planète, à l'écosystème, aux espaces naturels, aux espèces vivantes et aux ressources énergétiques, géologiques et biologiques engagent plusieurs niveaux de décision et de responsabilité pouvant se résumer au nombre de trois: premièrement, le niveau macro-environnemental, celui des États, des institutions financières, des grandes entreprises et des organismes de recherche scientifique; deuxièmement, le niveau intermédiaire, celui de l'implication collective des citoyens dans la protection, dans la préservation, dans la prévention, dans l'entretien et dans la remise en état; troisièmement, le niveau micro-environnemental, celui de l'attitude et des gestes de chacun au quotidien. Quel que soit le niveau, le pessimisme reste de rigueur et nous allons voir, en quelques mots, pour quelles raisons.

Au plus haut niveau d'opacité décisionnaire, l'écologie ne sera jamais une priorité aussi longtemps que politiques et scientifiques se soumettront au diktat de la finance. Seul un revirement conflictuel et autoritaire pourrait changer la donne, mais il n'existe, à ce jour, aucune volonté notable susceptible d'aller, efficacement, dans ce sens.

Les initiatives de mobilisation citoyenne permettent d'accomplir un travail courageux, utile et nécessaire mais malheureusement insuffisant, non par faute de bonne volonté mais à cause de l'ampleur des catastrophes nucléaires, pétrolières, chimiques, climatiques, de déforestations et de disparitions d'espèces animales dues à l'intensification des activités humaines.

Les contraintes imposées par le centralisme urbain et par ses répercussions néfastes sur les espaces ruraux ou forestiers sont telles que le simple individu n'a d'autre choix, dans la plupart des cas, que de s'en tenir non pas à une radicalité écologique mais à son devoir minimum: respecter les êtres vivants et les sites naturels, privilégier la consommation de produits naturels issus de l'agriculture non intensive, trier ses déchets, éviter les moyens de transport polluants.

En plaçant l'humain sur un piédestal, l'humanisme se trompe complètement et son idéologie devrait être condamnée dans le débat, car l'humain représente en fait la pire espèce vivante que la Terre ait jamais portée à ce jour, la seule espèce capable de parasiter tout l'écosystème tout en y proliférant à la manière d'un cancer d'envergure planétaire. S'il était une disposition radicalement écologique que chacun d'entre nous pourrait prendre, cette disposition consisterait à s'abstenir de faire des enfants afin d'enrayer le fléau humain. Ce pouvoir de ne pas procréer, nous l'avons tous et nous avons tous le droit d'en user pour le plus grand bien de la nature.   

 

Quel avenir pour le monde (texte de la vidéo du 15/10/2012)? L'avenir du monde nous plonge dans l'incertitude. Nous le savons tous. Il s'agit même là d'une constante de l'Histoire humaine, renforcée à notre époque par l'épuisement des ressources naturelles, par notre surpopulation et par notre incapacité à maîtriser l'évolution des industries et des technologies. Humbles devant la complexité, renonçons, au préalable, à l'idée que nous pouvons comprendre le monde en quelques minutes. Tout au plus pourrons-nous dégager quelques axes de compréhension.

Tournons-nous vers le passé pour mieux anticiper le futur, dans une brève tentative de redéfinition des grandes périodes de l'Histoire. L'ère africaine, correspondant à la Préhistoire, marquée par les ramifications progressives de notre peuplement sur tous les continents, précède l'ère méditerranéenne, correspondant à l'Antiquité, marquée par l'essor et par le déclin de plusieurs grandes civilisations autour d'une même entité maritime. L'ère continentale, correspondant au Moyen Age, marquée par la promotion des dynasties monarchiques, précède l'ère critique, correspondant à notre modernité au sens large depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, marquée par un recul sans précédent de l'enracinement géographique de l'Histoire au profit d'un déracinement lié au progrès technique.

Plus ou moins inconsciemment, l'humanité a toujours été en crise. Alors que nous pensions enfin la dominer, cette crise nous domine depuis plusieurs siècles car notre euphorie progressiste nous dépasse au point d'échapper à notre contrôle, rendant irréalisables les approches écologiques et rétrospectives de la politique qui, tout en gardant les meilleurs acquits modernes, nous offriraient pourtant l'issue de secours la plus saine.

L'impasse dans laquelle nous nous trouvons se voit confirmée par l'obsolescence physique et par la sénilité des forces investies dans des projets tout aussi défaillants pour des raisons diamétralement opposées, qu'il s'agisse de la gestion passive et mafieuse du mondialisme, qu'il s'agisse du regain industriel national ou, a fortiori, qu'il s'agisse des ambitions délirantes de conquête spatiale, de colonisation de l'espace interstellaire par l'espèce humaine. Il semblerait que nous n'ayons plus ni le temps ni les moyens d'échapper au piège que nous avons construit nous-mêmes, et dans lequel nous sommes tombés.

Même pour le cas où, à coup sûr, ce qu'il faudrait faire resterait un vœu pieu, disons-le quand même: s'il est encore une voie de salut réaliste qui s'offre à nous, aussi temporaire soit-elle, apprenons à travailler ensemble tout en conservant nos différences et nos différends, partageons les compétences, ouvrons le marché de l'emploi jusqu'aux populations les plus marginales et les plus marginalisées. En substance, respectons l'Afrique, qui n'est ni un libre-service ni une décharge publique mais notre berceau à tous. Nous sommes tous Noirs et Africains d'origine. En conclusion, le scénario le plus probable est que le monde nous survivra, se remettra lentement de cette maladie qu'aura été l'humanité, avant de disparaître à son tour. Merci de votre attention.

 

D. H. T.

http://www.dh-terence.com

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