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Last Falls
19 octobre 2014

Chapitre 8: Désaccords majeurs ou mineurs (2014)

Désaccord #1: généralités (20/05/2014). S'il fallait intervenir à chaque fois que quelqu'un, même sans le savoir, affirme ou argumente contre vos convictions, vous passeriez votre temps à manifester votre désaccord avec les autres, et c'est valable dans tous les domaines: il y a autant de points de vue différents sur la vente qu'il y a de commerciaux dans une agence, autant de visions de la formation qu'il existe de formateurs pour en débattre, etc. Sans parler de la politique, laquelle, en dépit de l'inertie et de la tiédeur dont fait preuve l'Occident post-industriel envers et contre la crise et le chômage persistants, demeure une perpétuelle foire à l'empoigne.

Plutôt que de réagir à tout bout de champ, sauf si votre intérêt l'exige ou si quelqu'un tente de vous imposer une ligne de conduite à l'encontre de vos droits légitimes, il vaut mieux noter les désaccords, choses vues ou entendues, avec des pistes de réfutation. Tout bloc-notes contribuera ainsi à nourrir et à consolider une éthique personnelle, sans ruer dans les brancards à longueur de journée, cette dernière option ayant pour effet de fatiguer sans rien produire. Mieux vaut être ici un renard qu'un hérisson. Car il y a des raisons de se fâcher pour tout, à commencer par l'attitude de ceux qui, censés rédiger un contrat, en oublient une clause importante et viennent vous trouver, plusieurs mois après, en s'étonnant de ne pas vous en avoir parlé.

 

Désaccord #2: réponse à ceux qui pensent que les règles sont moins restrictives que les lois et donc supérieures à ces dernières (20/05/2014). Les meilleures intentions vous aveuglent. Parmi les prescriptions en termes de conduite, valables ou non, il y a au moins trois distinctions à faire: l'ordre juridique, les civilités, les groupes de pression. Pour estimer qu'une loi officielle est inique, il faut se trouver lésé dans ses aspirations personnelles fondamentales, et pouvoir en apporter la preuve; la déclaration universelle des droits de l'homme, partout où elle s'applique, est censée couper l'herbe sous le pied de toute dérive portant sur le minimum que chacun peut attendre d'un régime politique digne de ce nom.

Hormis ce genre de cas problématique, l'Etat de droit reste la référence, car sa vocation est de mettre tout le monde d'accord sans léser personne, seul l'ordre officiel s'élevant au-dessus de la mauvaise foi partisane, quel que soit son bord. Aucun texte n'oblige à dire "bonjour", mais la politesse contribue au respect: ce n'est pas une loi mais une bonne règle. En revanche, certains entrepreneurs ou fonctionnaires véreux aimeraient bien légitimer les méthodes d'investigation ésotériques en RH, faire intrusion dans la vie privée des candidats, etc. Ils estiment sans doute que ces soi-disant règles les placent au-dessus des lois. Ils ouvrent ainsi la porte à la mafia, et par conséquent se trompent lourdement.

 

Désaccord #3: réponse à ceux qui pensent que l'eau potable dans les foyers devient une absurdité coûteuse (20/05/2014). L'eau potable est toujours une garantie de qualité, même quand on ne la boit pas. Elle réduit les risques sanitaires. On s'en sert toujours pour cuisiner, pour se brosser les dents. Quand on n'a plus de bouteille chez soi et que les magasins sont fermés, elle nous dépanne. Que l'eau des douches puisse être stockée puis réutilisée afin de tirer la chasse, cette idée, tant économiquement qu'écologiquement, mériterait d'être étudiée. Mais son application ne réduirait pas les coûts occasionnés par la mise à disposition de l'eau potable au robinet. Supprimer cette dernière constituerait une grave atteinte à la qualité de vie, et mettrait à mal un rempart législatif et technique important visant à protéger les citoyens contre les industries polluantes, dont on sait combien elles sont peu scrupuleuses. Il est inquiétant que certaines personnes cherchent à s'attaquer aux acquits les plus bénéfiques au regard de la santé, du confort et du bien-être.

 

Désaccord #4: réponse à ceux qui pensent que l'on ne travaille bien que par affinités (25/05/2014). Autant le dire carrément: ceux qui n'arrivent à travailler qu'avec leurs copains ne sont pas des professionnels, mais des fumistes et des amateurs de la pire espèce. Que certains d'entre eux soient libéraux, médecins, avocats ou autres, universitaires, hauts fonctionnaires, cadres ou même dirigeants de grandes sociétés, en dit long sur le climat de réseautage et de mièvrerie qui gangrène la civilisation. Il faudrait tous les recycler, leur donner des jobs de smicards dans des snacks ou dans des conciergeries, car leur rapport au marché n'a guère plus de valeur. Un véritable professionnel ne pense pas amitié ni société quand il travaille: ses considérations sont purement professionnelles. Il y a des objectifs à réaliser, techniques, alimentaires ou chiffrés; des compétences, des méthodes et une organisation d'équipe pour y parvenir; des imprévus à envisager et à gérer par le savoir-faire et par l'expérience. La cordialité n'est qu'une valeur ajoutée.

A contrario, le boulot entre camarades du même bord aboutit invariablement à la confiscation de l'emploi par telle ou telle bande. Il favorise les affres et l'inefficacité d'un système qui se complaît dans le chômage au lieu de viser le plein emploi, à force de dresser des barrières sur la route de ceux qui ne demandent pourtant qu'à fournir un honnête labeur. Autant le "vivre ensemble" n'est qu'une ineptie, dont ses promoteurs sont les premiers à se détourner, ce qui révèle une fois de plus leur inconséquence, dans la mesure où déterminer avec qui l'on va vivre n'est qu'un choix personnel, autant le "travailler ensemble" ne sera jamais un phénomène de mode: sauf immense fortune, tout le monde aura toujours besoin de travailler, et on aura toujours besoin d'une part maximale d'actifs face à l'ampleur des projets, dont la survie n'est pas le moindre. Exit le copinage, vive la méritocratie et l'huile de coude.

 

Désaccord #5: réponse à ceux qui pensent que la politique n'est qu'une affaire de blocs et d'appareils (25/05/2014). La misère sanitaire, matérielle et financière dans laquelle le commun des mortels s'est englué n'a sans doute pour égale que la misère de son offre en matière de propositions d'action à grande échelle, tant sur le plan interpolitique (échanges internationaux) que sur le plan intrapolitique (débats nationaux). D'un côté, la décadence des anciennes puissances coloniales, qui après avoir lâchement exploité la faiblesse des autres, se réfugie dans son orgueil délirant et prétend pouvoir donner des leçons de respect au reste du monde, ne rencontre comme adversité apparente que celle de régimes pseudo-tiers-mondistes corrompus, vivant sur l'asservissement de leur population dans une rhétorique anti-occidentale dont la sincérité peine à l'emporter sur le calcul sordide. D'un autre côté, les enjeux de chaque électorat dans le cadre de ses propres frontières donnent raison au désabusement face à une bipolarisation factice, dont on voit en France que la banalisation des réseaux mafieux qu'elle encourage tend à décrire un arc républicain étendu entre les extrêmes désignés: le consensus social-libéral, selon un accord tacite, cèdera sa place au nationalisme violent dès lors qu'il s'agira pour le régime de faire valoir ses derniers atouts dans la mainmise de l'Hexagone sur les ressources africaines.

Même si la culture historique et politique laisse à disposition toute sa richesse, qu'il suffit d'étudier en détail pour lutter intellectuellement contre les dangers du simplisme, ce climat délétère n'offre pas les conditions propices au développement d'une programmation sélective, fine et combinatoire. Aussi longtemps que les mêmes puissances garderont leur monopole sur les décisions appliquées, les modes de pensée alternatifs contrés par la censure de l'omerta ne pourront pas se faire entendre. Et la bonne alternative commencerait, en l'occurrence, avec la possibilité de concilier certaines orientations pourtant présentées comme inconciliables selon le discours dominant des blocs et des appareils, homogène et monolithique envers et contre toute subtilité. Ainsi, sans pour autant cautionner toutes les mesures entreprises en économie par des chefs d'Etat africains tels que Goodluck Jonathan et Yoweri Musevini, force est de reconnaître et de saluer leur courage dans leur volonté de défendre les valeurs traditionnelles sur le plan des mœurs, force est de soutenir leur cause et de s'en porter fièrement solidaire. Les pays d'Europe et les Etats-Unis feraient bien de s'en inspirer, car la frénésie urbaine et consumériste dans laquelle ces pays ont entraîné le monde depuis plus de deux siècles, soi-disant au nom du progrès et de la raison, n'a fait qu'éloigner davantage l'être humain de l'ordre naturel des choses, l'union de l'homme et de la femme, la seule union qui mérite d'être mise en avant, équilibre universel oblige..

 

Désaccord #6: réponse à ceux qui pensent que droits de l'homme et théocraties sont incompatibles (26/05/2014). Le monde entier incite à penser selon ce clivage. Raison de plus pour aller au-delà. Il y a déjà matière à développer chaque notion en débordant le cadre communément admis. Déjà, pourquoi se limiter aux droits de l'homme alors que l'on pourrait défendre les droits de l'individu? Il est moins réducteur de se penser soi-même dans son individualité plutôt que dans son humanité. L'individualité dépasse non seulement la sexualité (alors que le terme d'homme reste ici ambigu, désignant l'espèce par son seul représentant masculin) mais aussi l'appartenance à l'espèce (aborder les droits de l'individu, c'est faciliter la prise en compte des droits des animaux, voire des végétaux ou même de l'écosystème tout entier, reconnu comme un individu à part entière et doté de droits propres, ces droits qui reviennent à la nature sacrée, si bien ressentie par certains peuples sauvages). Chacun, en même temps, continuera à s'appréhender dans son identité humaine et sexuée caractérisant les différences individuelles: différences entre hommes et femmes, différences entre humains et autres espèces, l'important étant d'accorder à l'individualité, dans toute sa diversité fondatrice et légitime, le respect qu'elle mérite.

Cette immanence du sacré dans la divinité naturelle révèle le lien profond qui relie, malgré elles, les aspirations démocratiques et théocratiques. Il existe une mystique de l'individu inscrite dans l'ordre naturel des choses, la volonté viscérale d'assurer sa survie contre ses prédateurs et contre ses ennemis, volonté formant le socle d'une aspiration à l'amour-propre, au respect de soi, de son intégrité physique et psychologique, de sa propriété matérielle et vénale comme autant de moyens de continuer à assurer cette survie et cette optimisation du développement personnel. Un tel effort finit par susciter l'éveil de la conscience sur les questions ayant trait à l'au-delà, à l'éventualité d'un devenir, retour à la poussière ou prolongement du souci de se parfaire par-delà vie et mort. L'interrogation métaphysique ou spirituelle s'appuie sur les mêmes principes que les préoccupations plus matérielles qui l'ont amenée, par l'expérience ou par la réminiscence, au sein de la condition vivante et mortelle: il s'agit de l'étonnement face à la découverte d'invariants à la fois logiques, rationnels et empiriques, préalables mentaux à l'élaboration, pouvant être vécue comme une révélation, de préceptes dont la forme varie selon les civilisations. Toujours est-il que démocraties et théocraties se sont séparées d'un tronc commun, davantage qu'elles n'ont émergé indépendamment les unes des autres. C'est un fait historique.

Le but n'est pas de prétendre naïvement qu'un pays comme l'Afghanistan ouvrira un jour ses portes à l'idéologie des droits de l'homme avec une facilité inconditionnelle, ni que la France acceptera de remettre en cause ses blocages systématiques, présents depuis la Révolution, face à la réintégration de tout apport religieux au débat parlementaire. Mais au-delà de l'aspect artificiel de certaines alliances souterraines, comme cet étrange triangle géopolitique formé par les Etats-Unis, Israël et l'Arabie Saoudite, la mondialisation a provoqué l'hypertrophie de mécanismes qui incitent les cultures, envers et contre leur volonté, à déteindre les unes sur les autres, témoin le multiculturalisme britannique. Malgré la dérégulation mondiale subsiste l'espoir ténu d'un renversement de situation qui aurait pour résultat, dans un avenir certes improbable, la mise en place d'un Etat mondial ou d'une entité hyper-étatique, dotée d'un véritable gouvernement à l'autorité unanimement reconnue par l'ensemble des nations. L'imagination de ce scénario laisse la place à une théorie que l'on pourrait qualifier de diffusion idéologique réciproque.

Qu'est-ce donc que la théorie de la diffusion idéologique réciproque? C'est l'énoncé des conditions qui rendraient un tel Etat mondial acceptable par tous. Les uns diffuseraient leur idéologie, à condition que les autres puissent en faire de même. Une atténuation pacifique s'ensuivrait. Les uns exigeraient des autres que l'on mette fin aux actes de torture, et les autres demanderaient aux uns à ce que les valeurs traditionnelles du mariage soient restaurées. Sodome et Gomorrhe retourneraient dans l'ombre de la marginalité, leur seule place raisonnable. Et personne ne subirait plus aucune exaction. D'aucuns crieront à l'utopie. Mais n'y a-t-il pas lieu de constater que les fermetures de la discussion n'émanent pas exclusivement des pays les plus pauvres et les plus stigmatisés? Les pionniers des droits de l'homme ont-ils encore oublié à quel point l'humanisme incarne, au fond, l'illusion d'un Occident qui, depuis l'époque de la Renaissance, commet l'erreur de se croire universel? Au demeurant, on sait très bien que le plus idéal des plans, une fois projeté dans le monde, se heurte aux aspérités du terrain, se salit et se déchire. Que ces aspérités revêtent ou non l'uniforme du guerrier qui combat pour des ressources et des richesses, pour la gloire sanglante ou pour une vieille rancune, tout cela n'y change rien.

 

Désaccord #7: réponse à ceux qui pensent que droits de l'homme et marxisme sont incompatibles (28/05/2014). Après les théocraties, c'est le deuxième principal versant d'incompatibilité présumée, partiellement attestée seulement, avec les droits de l'homme, dont on vient d'évoquer les limites de la notion. Dans ce contexte comme dans un autre, l'esprit d'adhésion exclusive à telle ou telle institution coupera court à toute tentative de rapprochement sémantique et pratique. En revanche, la prise de recul historique aidera au détachement, condition sine qua non de la perception d'un panorama politique rendant accessible, une fois dépassées les distorsions historiques des premiers temps et de leurs répliques même tardives, le tableau de bord incorporant inspirations marxistes et démocratiques comme autant de fonctions manipulables conjointement, bien qu'à des degrés d'ajustement correspondant à une volonté concessive. On a tous reçu ce double héritage en tant que fameux "enfants de Marx et de Coca-Cola", au prix de concessions plus ou moins marquées.

Certains inputs visuels renvoyant à des épisodes décisifs de la politique mondiale, comme par exemple l'image de la conférence de Yalta, au crépuscule de la seconde guerre mondiale, réunissant Churchill, Roosevelt et Staline, fournissent toujours une prise à l'argumentaire politique de synthèse. Bien entendu cette image a mal survécu à la Guerre Froide ainsi qu'à ses conséquences tardives, jusqu'aux tensions qui opposent encore l'Amérique d'Obama à la Russie de Poutine autour, notamment, des ressources gazières avec une Europe prise en tenaille, même si l'on peut douter de la justesse d'une référence au marxisme et à la démocratie dans un contexte de ploutocratie oligarchique globalisée. Cependant, les deux blocs se sont un jour retrouvés autour de la lutte contre un ennemi commun, le nazisme, et la persistance tragique du génocide antisémite dans les mémoires doit toujours inciter les générations présentes et futures à réfléchir sur le bénéfice qu'elles pourraient retirer d'une ouverture des voies sans issue partisanes.

Il y a moyen de plonger encore plus loin dans l'Histoire. Ce que l'héritage de la pensée de Marx, d'une part, et la déclaration universelle des droits de l'homme, d'autre part, partagent depuis leurs origines respectives, c'est une même toile de fond qui a rendu possible leur émergence. La route fut longue, qui mena aux bouleversements politiques et industriels des temps modernes. L'éclosion sembla brutale et sans transitions, mais les signes des luttes qui engagèrent ouvriers contre propriétaires des moyens de production avaient transparu dans les temps les plus immémoriaux. Il n'y a pas de différence de nature entre le chevalier qui brutalise les paysans, ce même chevalier que l'Eglise envoie en croisades pour focaliser sa violence contre un ennemi extérieur, et le patron qui, après avoir exploité sa main d'œuvre au fond des mines, délocalise la production et se pose en pourvoyeur d'une économie de services.

Depuis qu'elle existe officiellement, elle n’a jamais été brillante, la gauche censée représenter le Tiers état. Elle portait la vision d'un espoir, qui a toujours été trahi par son acharnement à vouloir détruire l'Etat au lieu de le renforcer pour l'ériger en arme contre l'injustice. De compromissions syndicales en promotions bureaucratiques, elle n'a cessé de faire le jeu de la désertion. A l'époque post-moderne, sa situation touche le fond, et plus bas encore. C'est désormais ouvertement qu'elle se résigne aux magouilles. Le Gavroche à casquette montre son vrai visage: celui du cynisme. Libéraux et libertaires convergent dans le dérèglement libéral-libertaire. Le piège de l'Etat-providence malade achève de laminer les services publics, qu'aucun parti politique, hélas, ne cherche plus à défendre. La figure du citoyen survit malgré un monde qui ne veut plus d'elle. Ce citoyen a autant intérêt à pouvoir compter sur l'appui d'une organisation politique solide à grande échelle, que sur le respect de ses droits. Qu'il donne raison à Marx pour la lutte, et tort à la déchéance de l'Etat. Qu'il remonte le fil hégélien de la civilisation à son summum, et il réalisera que son propre bien-être individuel compte tout autant que celui de son groupe d'appartenance.

 

Désaccord #8: réponse à ceux qui soutiennent la libéralisation des services publics (01/06/2014). Il s'agit généralement de personnes qui n'en seront pas affectées. L'exemple de la distribution du courrier est assez éloquent. Il apparaît comme improbable que les quartiers les plus fortunés, où le prix du mètre carré habitable est plus élevé qu'ailleurs, soient autant touchés par les carences de La Poste que les cités, barres d'immeubles et autres périphéries désœuvrées. La comparaison avec la police n'outrepasse pas les faits observables: certes on rencontre parfois un commissariat flambant neuf juste en face d'une zone réputée pour les méfaits de sa petite délinquance, mais dans l'ensemble les agents, à suivre des priorités, s'occupent avant tout de la sécurité des riches. Les facteurs suivent la même pente. Le contribuable de base ne sait pas vraiment où vont ses impôts. Ce qu'il peut constater, c'est que de moins en moins de moyens sont investis dans les fonctions de l'Etat censées agir dans l'intérêt de tous. Et plus une institution dispose de faibles moyens, plus ses usagers souffrent des dysfonctionnements qui en résultent.

Adieu le temps où un même fonctionnaire se voyait chargé de la tournée dans un quartier de manière pérenne, maintenant on n'a plus que des remplaçants de remplaçants, avec des lettres attendues qui n'arrivent pas ou qui arrivent avec quinze jours de retard, de jeunes distributeurs qui ne connaissent pas leur secteur, dont on ignore s'ils ont terminé leur formation ou non, et que l'on surprend parfois occupés à boire et à fumer près d'un terrain de pétanque au lieu de faire leur travail. Outre les graves complications que ces manquements peuvent entraîner (radiations ou poursuites administratives contre un résident dont la seule faute commise est de ne pas avoir reçu la lettre de rappel de trop), le quidam en vient à subir une situation de chantage et de prise en otage à cause du déni qui s'insinue dans les habitudes: les réclamations n'aboutissent pas car la hiérarchie couvre ses lampistes, et impossible de continuer sans eux pourtant.

Il faut donc insister, puis prendre le nom des exécutants et de leurs chefs afin de tenter de déposer plainte auprès des forces de l'ordre, voire d'inciter à une enquête pour s'assurer qu'il n'y a pas de complicités dans le voisinage. Sinon, ce même laxisme pousse la population à considérer qu'une usurpation d'identité n'est pas un crime violent, ou encore que tout le monde devra se résigner un jour à vivre au milieu des poubelles qui s'entassent dans les rues, comme c'est banalement le cas, par périodes, dans le sud de l'Italie. Il faut continuer à se battre avec des armes légales pour refuser la décadence, même si ce combat s'avère long, pénible, coûteux et surtout solitaire. On gardera contact avec tous les organismes impliqués, on les informera régulièrement de la stabilité de son adresse postale, on se renseignera au moins une fois par mois sur les avis et factures, on privilégiera autant que possible les prélèvements automatiques et on procèdera soi-même au suivi du courrier que les professionnels du secteur ont abandonné, jusqu'au jour où, par chance, on arrivera peut-être à compromettre les responsables. Sans relâche, on luttera encore et toujours par tout moyen de droit.

 

Désaccord #9: réponse à ceux qui assimilent une rébellion légitime au rejet de l'Etat de droit (20/07/2014). Voilà encore la démonstration, navrante à défaut d'être surprenante, de l'indigence intellectuelle qui caractérise le discours des vulgaires suiveurs acquis à la cause mafieuse de la social-démocratie. Car il n'y a rien de plus bassement consensuel, ni de plus faux, que de se faire l'avocat officieux des voyous et des voleurs. Voir le point concernant, aux dires de certains, la prétendue supériorité des règles sur les lois. C'est aussi une nouvelle occasion de statuer, à toutes fins utiles, sur la légitimité éventuelle d'une rébellion, que l'on définira comme le rejet d'une prétention à l'autorité. Il ne suffit pas, en effet, de s'autoproclamer autorité pour en bénéficier du titre et du pouvoir. L'Etat est officiel, il consacre l'identité nationale, supranationale voire fédérale d'un peuple ou d'un ensemble de peuples autour d'une communauté de valeurs historiques, géographiques, linguistiques et culturelles, assurant à l'ensemble de ses citoyens la référence unanime à un code juridique valable pour la défense des droits de chacune et de chacun, devant les tribunaux érigés au-dessus des groupes de complaisance.

D'où il ressort, à moins de faire la preuve d'une loi inique car contraire aux libertés fondamentales, celles qui n'engagent que l'individu dans les limites du territoire de sa propre existence à la condition de respecter les libertés d'autrui, afin que jamais un civil n'ait l'outrecuidance, au-delà des seules hiérarchies professionnelles, de se décréter supérieur à un autre civil, que la seule rébellion légitime est celle des partisans de l'Etat contre les apologistes du crime, de la délinquance et de la corruption. Les vrais rebelles, les bons rebelles, ce sont les partisans de l'Etat contre l'oppression que constituent les réunions informelles et les réseaux confraternels. La vraie et bonne rébellion, c'est l'Etat contre la société, ce sont les honnêtes gens contre la canaille, ce sont ceux qui paient leur place contre les resquilleurs, avec la force et le courage de ceux qui osent encore juger et condamner. C'est aussi la connaissance de ses droits et la volonté de les défendre, comme par exemple le droit d'ignorer son patron avec mépris, mais sans violence, quand on le croise dans la rue: en-dehors des heures de travail, il n'y a plus de hiérarchie qui tienne, hormis la suprématie du droit dans l'intérêt même des individus, aussi longtemps que le droit s'attache à préserver cet intérêt dans la réciprocité générale.

 

Désaccord #10: réponse à ceux qui, empêtrés dans une vision scolaire de l'Histoire, n'ont pas encore dépassé la dichotomie entre étatisme et anarchisme (20/07/2014). Traditionnellement les doctrines anarchistes se définissent en rupture avec l'idée d'Etat et cette même logique, que chacun reprend à son compte, amène à constater une incompatibilité entre l'anarchisme et l'étatisme. Or, il est possible d'être totalement anarchiste sur certains plans et totalement étatiste sur d'autres. On peut ne pas compter sur autrui tout en comptant sur l'autorité de l'Etat. Sur quel plan peut-on se dire anarchiste dès lors? Sur le plan strictement individuel, selon la conviction que chacun est absolument libre de faire ce que bon lui semble de sa propre vie à partir du moment où il n'empiète pas sur celle d'autrui. Et c'est, si l'on va au bout du raisonnement, une attitude proprement anarchiste. Car les autres doctrines, qui admettent que l'individu puisse faire des concessions à la société sur des questions privées, constituent une négation de la liberté individuelle: celles qui s'opposent par exemple à l'euthanasie et au suicide, ou au port d'arme civil à des fins défensives. Pourtant la finalité de l'anarchisme, même appliquée partiellement à certains domaines, est bien l'émancipation de l'individu, ce même individu qui affirme, à juste titre: "C'est à moi de décider quand je veux mourir", ou: "J'ai le droit d'avoir une arme pour me défendre". Ce qui est encore plus intéressant, c'est de mettre en lumière le fait que l'Etat, en tant qu'entité politique, officielle, autoritaire, garante du droit de chacun mais aussi de la solidarité par les services publics, peut justement permettre à l'individu de s'émanciper de la société et de la morale collective par l'affirmation des droits individuels fondamentaux. C'est un paradoxe au regard d'une définition communément admise de l'anarchisme, mais c'est finalement une conclusion logique. Cette même conception de la liberté individuelle dans l'Etat amène à réfuter tout dogme qui pourrait la remettre en question dans une quelconque mesure, ce qui va non seulement à l'encontre des abus dans les religions, mais aussi des doctrines ésotériques, des confréries, des réseaux informels, des milieux sociaux, des pressions sociales et, plus généralement, de toute autorité officieuse qui, par la hiérarchie ou par l'ajout de règles supplémentaires, pourrait constituer un renoncement à ce que chacun est, en définitive, en droit d'attendre: rester seul maître de sa vie, à l'exclusion de tout autre maître, de tout dieu et de toute prétendue transcendance, sauf croyance sincère et spontanée. Mais que jamais, en aucun cas, un être humain ne courbe l'échine devant un autre être humain.

En tant qu'individu on a le droit de n'adhérer à aucune religion, de ne faire partie d'aucune confrérie, de ne fréquenter aucun club, et même de refuser de parler à ses voisins, de refuser de voir ses collègues en-dehors du travail, etc. Non seulement un tel individualisme est parfaitement fondé sur le plan du droit comme sur le plan de l'éthique parce que c'est une décision personnelle qui n'engage que soi, mais en plus elle ne doit en aucun cas pénaliser la personne concernée, ni à titre professionnel ni à titre privé. Or c'est là que le bât blesse dans notre monde en général et dans un pays comme la France, où l'on voit bien que, dans l'état actuel des choses, il devient de plus en plus difficile, même en étant compétent, de s'en sortir dans la vie en refusant d'avoir des relations en-dehors du travail, d'entrer dans des rapports de pouvoir officieux, de subordination implicite à des notables dont certains essaient d'obtenir les bonnes grâces par des voies détournées. A cause de la société, ce n'est plus l'Etat qui fait la loi, hélas, mais le copinage, le piston, les rapports qui se trament dans l'ombre, la mafia généralisée. Les anarchistes du dix-neuvième siècle se sont finalement trompés quand certains d'entre eux ont vu dans l'Etat l'ennemi de la liberté individuelle. L'ennemi de la liberté individuelle, ce n'est pas l'Etat qui garantit les droits individuels mais la société qui, en augmentant son influence au détriment de l'Etat, s'affirme également au détriment de l'individu. Contre la société et pour la liberté individuelle, l'anarchiste ainsi défini, anarchiste dans l'Etat de droit, c'est-à-dire anarchiste pour soi et dans le respect des autres individus, trouve dans l'Etat, à la fois Etat de droit et services publics, le plus précieux des alliés, à condition que tous les droits légitimes de l'individu sur sa propre vie soient reconnus. Soyons étatistes dans notre vie publique, anarchistes dans notre vie privée.

Par fine déduction, une question se pose alors: qu'est-ce que l'altercommunisme? Si vous votez blanc faute de mieux, avec le sentiment que l'offre politique est limitée en termes d'idéologies, de représentations et de partis politiques, pensez à la possibilité d'exprimer des idées différentes, qui ouvrent sur d'autres horizons comme, par exemple, une approche combinatoire de la pensée politico-économique dépassant les clivages imposés par les médias dominants. Ce que l'on entend par communisme différemment, c'est la nécessité d'éviter les vieilles erreurs de l'Histoire, les dictatures productivistes, les Etats voyous, la guérilla mafieuse. Pour échapper à une dérive totalitaire ou criminelle du communisme, il faut instaurer un régime qui ne serait que partiellement communiste. Concrètement, le communisme d'un tel régime se manifesterait par la défense radicale et indéfectible de certains services publics: santé, éducation, justice, défense, etc. en mettant le paquet niveau moyens financiers et effectifs de façon à garantir, et ce définitivement, une solidarité d'intérêt général. Le secteur privé, lui, serait confié de préférence aux PME, dans une logique d'initiative individuelle et une politique de plein emploi facilitant toute démarche pour permettre à chacun de créer sa propre entreprise dans des domaines ne relevant pas de la fonction publique: divers produits, biens et services de consommation courante. Faciliter les démarches de ce pôle économique impliquerait, par exemple, d'exonérer les petites entreprises de tout statut payant et de toute charge sociale. On pourrait ainsi conjuguer l'entraide, secteur public, et la liberté, secteur privé, permettant à la civilisation de trouver enfin un point d'équilibre.

Cette proposition est atypique: parce que le débat institutionnel, dans l'état actuel des choses, se moque complètement et de la défense des services publics, et des petites entreprises; parce que les partis communistes n'ont traditionnellement aucune culture de PME: ils ne connaissent que les grandes entreprises et les grands travaux; parce que l'économie mixte, jusqu'à présent, n'a jamais été que l'antichambre de la destruction de l'Etat, point de convergence de toutes les idéologies modernes dans leur ostracisme, qu'elles se réclament, économiquement et politiquement, de Smith, de Marx, de Keynes, de Friedman, de l'anarchie ou du nationalisme, toutes à l'exception du communisme totalitaire justement, qui incarne l'autre excès du débat. Si vous pensez, à tort ou raison, être politiquement créatifs et porteurs de propositions que vous ne voyez jamais nulle part, cette réflexion est faite pour vous, et pour ceux qui souhaitent en débattre. Le centrisme, lui, n'est pas forcément la preuve d'une plus grande ouverture d'esprit. Le centriste, plus que tout autre, recherche le consensus, contrairement à l'antisocialiste de gauche, ou altercommuniste, qui évolue dans la confrontation. Sur le plan institutionnel, entre PS et UMP, qui sont déjà bonnet blanc et blanc bonnet, la marge de manœuvre est restreinte. C'est peut-être même la position la plus fermée qui soit, ou la plus insignifiante politiquement.

Proposons une définition de la gauche, mais d'une gauche apatride, sans représentation actuellement, et pour cause: cette définition de la gauche est en désaccord avec la gauche institutionnelle, celle du Parlement et des partis politiques existants. Il n'existerait, en ce sens, que des partis de droite. La vraie gauche aurait pour double objectif, forte des directions indiquées précédemment: réprimer les forts, par la violence s'il le faut; protéger les faibles, par la violence s'il le faut. Aucun parti politique n'est sur cette ligne idéologique dans le monde actuel, ni en France ni ailleurs. Mais au-delà de cette prise de position, ce que permet entre autres ce développement, c'est de proposer des définitions politiques que l'on n'a pas l'habitude de voir ailleurs. C'est valable non seulement pour ceux qui se réclament de la gauche, mais aussi pour les personnes qui auraient une définition alternative ou jugée atypique de la gauche différente de celle proposée, ainsi que pour les personnes de droite, du centre, de l'extrême, du royalisme ou apolitiques qui, pour des raisons différentes, ne se reconnaîtraient pas dans le moule politique en vigueur. Vite fait sur l'éducation et sur le travail: l'école devrait permettre non seulement d'acquérir des bases générales nécessaires à tout apprentissage, mais aussi à tous les jeunes de trouver un emploi plus tard. La solution serait donc d'imposer, de droit et de fait, une concertation entre le monde de l'éducation et le monde professionnel pour élaborer une politique de plein emploi. On ne vit pas de l'assistanat, donc le plein emploi devrait être une priorité pour toute politique sérieuse et digne de ce nom. Dès qu'un élève quitte l'école, que ce soit après le bac ou avant, il devrait suivre une formation professionnelle obligatoire, et ce en fonction des besoins des entreprises, en privilégiant les secteurs les plus demandeurs du moment. Ensuite le recrutement devrait se faire sur une évaluation objective des compétences et seulement sur ce critère: à tel objectif professionnel, tel savoir-faire et telles techniques pour y parvenir. Pour tout CV à formation adéquate, premier candidat arrivé, premier servi. Si ça ne marche pas, on le vire et on en prend un autre. Celui qui est viré, soit il postule ailleurs, soit il se recycle, soit il se suicide de son propre chef, sans aucune incitation extérieure. C'est le pragmatisme, un pragmatisme équitable qui plus est, une idée qui doit encore faire son chemin en France.

Voici d'autres exemples, allant à contre-courant de l'idéologie dominante et des différents partis du régime en place: récusation radicale et définitive du concept de dette publique, les Etats n'étant pas endettés et ne devant rien à personne, car il est du devoir des grosses fortunes de mettre de l'argent à disposition afin que chaque pays bénéficie de services publics de qualité; abolition des dettes, en conséquence, à commencer par la dette des pays pauvres; abolition du franc CFA, pour que les pays africains concernés aient leur propre monnaie sans compte à rendre au régime parisien; politique antinataliste d'abord nationale puis en portant ce projet à une échelle mondiale, les idéaux de solidarité publique n'étant applicables que dans le cadre d'une démographie modérée. Une meilleure compréhension de ces idées requiert aussi, peut-être, davantage de précisions. Il faut préconiser un Etat fort en tant qu'Etat de droit autoritaire pour garantir la sécurité et la liberté des individus, et en tant qu'ensemble de services publics comprenant notamment: la santé, des hôpitaux publics impeccables, fiables à 100%, l'eau, l'électricité, les transports en commun, les pompiers, le courrier, l'éducation, la recherche, la justice et la défense, et ce de manière définitive et non négociable, en investissant un maximum pour une qualité optimale dans chaque domaine. On en est loin dans le contexte actuel. Les services publics sont laissés à l'abandon, sauf en ce qui concerne la bureaucratie et le détournement de fonds publics au profit des privilèges de certains hauts fonctionnaires, et aucun parti politique n'a la moindre volonté de défendre les services publics. En revanche, dans le cadre du programme proposé, l'Etat providence serait complètement abandonné, et la bureaucratie minimisée: abolition des retraites, du chômage, des allocations logement et familiales, du remboursement public des frais de santé au profit, justement, de l'Etat de droit et des services publics, mais aussi au profit d'une politique active et volontaire de plein emploi, de type autoritaire et interventionniste, avec salaires largement adaptés au coût de la vie pour en finir avec la spirale infernale du crédit et permettre à chacun de vivre en payant comptant. Cet interventionnisme, plus avant dans le secteur privé, viserait un démantèlement progressif des grandes entreprises au profit des PME. On évoluerait vers une radicalisation de la franchise. La macro-économie serait déconstruite, autant que techniquement possible, au profit d'un vivier de petites entreprises indépendantes et uniquement imposables sur leurs revenus. Les Etats entreraient donc en guerre contre les grandes entreprises pour soumettre les marchés financiers à la volonté politique.

Rien à voir, encore une fois, avec ce à quoi on assiste dans le monde actuel, d'autant que les équilibres économiques visés par l'idéal de mesures radicales et de compensations positives nécessiteraient, comme indiqué plus haut, une régulation de la démographie par des mesures antinatalistes et par l'abandon des objectifs de croissance au profit de la préservation de l'environnement naturel. Le but, à terme, visé par l'addition: Etat de droit autoritaire + services publics de qualité + micro-économie à la portée de tous, ou réappropriation de l'économie par le citoyen de base au détriment des grands groupes et de leurs dirigeants, + antinatalisme + écologie = qualité de vie optimale à portée de tous. Le but, autrement dit, consisterait à renverser la tendance du monde actuel, laquelle écrase l'individu par la société. Dans le schéma proposé, ce serait l'individu, aidé par un Etat autoritaire, qui finirait par écraser la société. L'individu + l'Etat contre la société, mais pas contre la civilisation, au contraire: il s'agirait également de démontrer que l'individu représente un facteur de civilisation positif bien plus que ne l'aura été le fait social, lequel n'est qu'injustice, bêtise, violence, laxisme et corruption. Le résultat de cette politique serait l'émancipation individuelle, la reconnaissance pleine et entière de l'individu, de chaque individu dans le respect réciproque, avec un Etat à son service. Le monde doit-il être nettoyé de fond en comble? Oui, et d'urgence. Si les riches et les puissants lisaient ce texte et décidaient d'en ignorer les recommandations, les solutions, elles, auraient été consignées. Si le monde n'en voulait pas, libre à lui.

 

C’est la guerre / Trois directions pour commencer (25/09/2014). C'est la guerre quand la hiérarchie outrepasse ses droits. Tout le monde le vit au quotidien, ou risque de le vivre un jour. Cette guerre doit être sans violence physique, sans attaques ad hominem, sans insultes car en accord avec la civilisation, selon laquelle on ne fait pas à autrui ce que l'on ne souhaite pas subir soi-même. Cette guerre doit respecter la loi car en accord, toujours, avec la civilisation qui n'existerait pas sans état de droit, civilisation définie en tant que groupe culturellement et juridiquement fondé.

C'est donc une guerre procédurière. Elle s'appuie sur une psychologie qui admet notamment la possibilité d'un parti pris en faveur du salarié contre le patron, de l'étudiant ou du parent d’élève contre l'enseignant, de l'enfant contre l'adulte, de l'adulte contre l'adulte, du voisin contre le voisin et, par-dessus tout, de l'individu contre la société. On aura compris que le social se différencie péjorativement du civilisé en ce que, précisément, la société, en tant que système relationnel de conditionnement des individus au mépris des droits individuels, n'est pas civilisée: ni réciproque, ni légale dans son principe. Elle n'a donc aucune valeur référentielle.

Que peut-on faire, dès lors, contre sa hiérarchie ou sa collatéralité quand ces dernières sortent du droit chemin, celui du devoir de respect envers les individus? Fort des arguments précédents, le recours à la loi officielle reste le maître mot. Chaque affaire a ses spécificités, ses codes, ses procédures. Il faut connaître ses droits. Au quotidien, trois voies de lutte permanente œuvrent à une toile de fond plus générale, toujours dans le souci louable de répondre à la question: "Que puis-je faire contre l'oppression"?

Premièrement, étudier la voie procédurière, sachant qu'un bon procédurier engage rarement des procédures: d'abord, pour des raisons financières; ensuite, parce que la solidité du dossier doit faire l'objet d'une mise à l'épreuve en situation de simulation; enfin, parce qu'il faut créer un exemple, ce que les fautifs se gardent généralement de fournir, puisque seul un pas de travers peut générer une faute assez grave et flagrante.

Deuxièmement, dévoiler subtilement, c'est-à-dire en restant dans les généralités pour ce genre de cas, les étapes d'une enquête personnelle en cours, sans citer de noms ni n'accuser formellement personne en l'absence de preuves. Le respect de la vie privée d'autrui renvoie conjointement à la réciprocité et à la loi officielle, deux piliers civilisationnels.

Troisièmement, conserver, par la référence publique à l'actualité publique d'affaires publiquement révélées, une mémoire de la honte contre les notables, les administrations et les entreprises jugées: ce que veut faire oublier un coupable, c'est sa culpabilité. Les perdants s'efforcent d'étouffer leurs propres échecs. Si l'on garde des espaces d'archivage qui, par la simple référence légale à des articles d'actualité, remémorent en permanence à quel point ils ont pu être ignobles, cela entretiendra la peine qu'ils méritent.

En conclusion de ces trois points, les décisionnaires qui respectent l'environnement, les producteurs, les travailleurs et les clients n'ont rien à craindre de cette guerre citoyenne. Seuls les vrais méchants risquent d'être importunés, à l'idée de savoir qu'un quidam puisse en permanence briser les chaînes de l'apathie ambiante pour faire tout ce que de droit contre les sphères plus ou moins hautes et corrompues, dans les limites de son pouvoir d'homme libre et fier de le rester.

 

Direction #1.1: vers un procès de l’éducation nationale (27/09/2014). Du point de vue de l'étatiste convaincu, il s'agit de réaffirmer la volonté ferme de défendre et de promouvoir les services publics, y compris l'éducation nationale en accordant à celle-ci des moyens et des effectifs confortables, à contre-courant du consensus libéral et social qui s'acharne à lui couper les vivres. Pourquoi, dans ce cas, envisager de faire le procès de l'éducation nationale? Justement parce qu'un tel procès, s'il voyait le jour et aboutissait, aurait pour effet bénéfique de trier le bon grain de l'ivraie dans l'intérêt même de l'éducation nationale. Le point de départ textuel de cette critique fut une réflexion du 9 octobre 2013 sur les biais et irrégularités en environnement d'apprentissage, que les paragraphes 2, 3 et 4 reprennent mot pour mot. Cette réflexion trouva un prolongement dans les paragraphes 5, 6, 7 et 8 en date du 12 octobre 2013. Sa reprise fut marquée par un message pamphlétaire et de compassion pour les élèves et étudiants, en date du 28 août 2014, le paragraphe 9, tempéré par un autre message du 30 août 2014, le paragraphe 10. S'appuyant sur un article du Dauphiné en date du 4 septembre 2014, les paragraphes 11, 12 et 13 commentent le suicide d'un collégien suite à un harcèlement moral. 

La crise économique y contribuant, tout un chacun peut être amené à se reconvertir et à se former de nouveau à cette fin. Plus la formation choisie représente un enjeu certain en termes d'accès à un nouveau poste, plus des stratégies de déstabilisation peuvent être engagées de la part des formateurs quand le profil d'un candidat leur paraît, pour des raisons diverses, aller à l'encontre des idées qu'ils veulent faire passer. Ou alors, les méthodes en constante évolution occasionnent parfois des dysfonctionnements involontaires dans un ensemble de situations complexes. Ce constat est évidemment valable pour l'Education Nationale, où existe le risque d'une collusion entre les textes officiels, légitimes, et la propagande de certains intervenants, illégitime, à supposer que cette dernière existe, ce qui reste à établir si tel est le cas.

Dans un premier temps, ils ne vont pas forcément refuser le dossier du candidat en question. Soit ils peuvent décider de le faire entrer pour mieux le faire sortir après coup, soit les désagréments rencontrés ne sont que le fruit d'un malencontreux concours de circonstances, et personne n'est coupable d'un vice intentionnel. Il existe une présomption d'innocence, surtout quand les programmes sont chamboulés d'une année à l'autre et que les formateurs doivent eux-mêmes, à ce titre, faire face à un stress supplémentaire sans rien n'en laisser paraître.

La commission se prononce favorablement. Mais du retard est pris dans la transmission du dossier, dont la connaissance parvient in extremis depuis le siège de l'institution jusqu'à l'organisme de formation continue chargé de suivre les professionnels en évolution de carrière via la reprise tardive de leurs études. Point d'interrogation sur les raisons de ce retard puisque, apprend-on, la plupart des autres dossiers sont arrivés à temps. De retour au siège, la personne responsable en conclut elle-même, sans chercher plus loin, que le dossier a été égaré.

Des malentendus peuvent surgir autour des notions de travail en équipe et de leadership, de qualités de dirigeant. La vision d'un chef d'équipe en force de vente ou d'un directeur commercial par rapport à l'organisation d'un groupe en environnement professionnel n'est pas la même que celle d'un enseignant ni, d'ailleurs, d'un animateur. L'expérience aguerrie dans la formation commerciale, le recrutement, la présentation des plans de vente lors de réunions, la définition des objectifs et l'attribution des secteurs de prospection, le suivi des résultats, l'obligation d'amener les conseillers à se remettre en question pour se conformer à leurs chiffres annoncés, pour se dépasser sans arrêt, et la gestion des éventuels problèmes relationnels intra-agence ou hors agence, impliquant l'image de l'entreprise aux yeux de la clientèle autant que l'ambiance lors des briefings internes, ainsi que les différentes approches de résolution des conflits, présentent d'emblée une différence majeure par rapport au rôle d'un enseignant vis-à-vis d'une salle de classe, a fortiori quand le public est plus jeune dans ce dernier cas: la vénalité, tout comme le statut qu'elle délivre aux agents de maîtrise, n'a plus aucune raison d'être dans un rapport d'élève à professeur payé par la fonction publique ou par son établissement privé, donc sur un autre tableau. Cette finalité, à elle seule, change globalement tout.

Un véritable meneur commercial n'a aucun intérêt à faire valoir un statut quelconque s'il n'est pas payé pour le faire. D'ailleurs, ce statut n'existe plus en formation/reconversion. Celui qui a roulé sa bosse se retrouve au même niveau que ceux, deux fois moins âgés que lui, qui n'ont connu que les études. Voilà la vérité. Il faut être mal informé pour s'imaginer que l'expérience va parler d'elle-même, qu'elle va forcer l'admiration et le respect des autres étudiants. Déjà, en quittant son bureau le soir, un manager peut retrouver en lambeaux la veste laissée le matin sur le porte-manteau à l'entrée. Autre situation désormais classique, celle du responsable des ressources humaines séquestré par les salariés. Les candidats en début de professionnalisation, s'ils doivent accorder leur écoute spontanée à des aînés de leur groupe, le feront pour des motifs qui n'ont de rapport ni avec les compétences, ni avec l'expérience, ni même avec l'habitude des échanges collectifs, mais en se basant plutôt sur des critères relevant de la personnalité, des affinités intersubjectives dont il serait même trop long d'énumérer, dans l'absolu et conjoncturellement, la manière dont ces critères arrivent à s'imposer au profit des uns, au détriment des autres. Mais, en gros, si l'on fait sentir aux gens qu'ils ont en face d'eux un individu plus intéressé par l'argent que par l'humain, ils risquent de s'en apercevoir assez tôt. C'est logique. Du SONCAS, qu'ils ignorent pour la plupart, ils ne retiendront dans ce contexte que la seule sympathie, et feront fi du reste si cette dernière tarde à se manifester.

Ce socle fragile, peu enclin à faciliter la communication entre candidats d'horizons différents, se verra encore affaibli par la méconnaissance que les enseignants et les étudiants ont du monde de l'entreprise en général et de l'entreprise commerciale en particulier. A la base, il faut déjà se battre contre les préjugés tenaces qui gangrènent les représentations nourries par les opérateurs eux-mêmes. On a droit, sans aucun discernement, à toute la panoplie lexicale sur le bagou, l'assurance, l'éloquence, les traits de caractères supposés révélateurs de telle ou telle profession voire, pour les plus zélés, l'analyse transactionnelle et son universalité supposée. Toutes ces idées reçues ont beau avoir été invalidées scientifiquement, même les professeurs tombent dans le panneau et surtout eux, qui souscrivent d'autant plus volontiers à la caricature que certains entrepreneurs veulent leur donner raison, pour ne rien dire du jugement estudiantin naïf, manipulable à souhait par la seule autorité légitime qu'ils doivent reconnaître en l'occurrence, celle de leurs enseignants.

Le mythe perdure alors, du quadra qui a tout réussi et qui ne devient prof que parce qu'il a toujours été excellent en tout, passant d'un domaine à l'autre comme un éternel battant, à cette seule condition détenteur d'une garantie de ne pas voir remis en cause son parcours professionnel. Ainsi se retrouvent confondus le chef de bande et celui qui mange à la cantine avec ses camarades ou, a contrario, celui qui doit encore travailler dur pour trouver ses marques et le solitaire inconditionnel, sans nuance ni partage. Telle est, à ce stade, la source de biais et d'irrégularités potentielles, consistant à casser l'image d'un élément dont ils ne comprennent pas le cheminement, parce qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent. Dans les affaires, on travaille en équipe pour gagner de l'argent. Après, chacun rentre chez soi, sauf amitiés facultatives. Si les temps sont durs et qu'il faut retourner sur le banc des écoliers dans l'espoir d'un nouveau métier, on travaillera efficacement avec ses collègues quand on sera en poste, point barre. Au stade du déconditionnement/reconditionnement propice et nécessaire à l'acquisition de nouvelles compétences spécifiques, succèdera celui de la synthèse et de la réintroduction des anciennes compétences en plus des compétences plus générales. Dans l'optique du concours et hormis les groupes de travail proposés en classe, réviser en solo ou en équipe doit être laissé à la discrétion de chacun. En revanche, ce qui doit circuler entre tous, c'est l'information pertinente. La rétention, en formation comme en entreprise, doit être combattue et proscrite. Pour le reste, il faut éviter de parler à tort et à travers de ce que l'on ignore. Le jour où l'on jettera un enseignant dans l'arène de la vente directe, il perdra tous ses moyens, tremblera et vacillera comme n'importe quel débutant. Et il découvrira, pour la vivre enfin, la dure réalité que le marketing parvient à dissimuler au grand public.

Compte tenu de l'arrogance, de la mesquinerie et de la bassesse proverbiales des enseignants français en général (et, en particulier, de ceux qui, non contents de donner à fond dans le cliché panurgiste "tous socialos, tous syndiqués, tous francs-maçons", envisagent leur métier comme un défouloir malsain), puisque l'enseignant français, en cela encouragé par les us et coutumes, a tendance à se croire au-dessus de son auditoire quand ce n'est pas carrément au-dessus des lois, il convient, en cette rentrée 2014/2015 et pour les suivantes, d'adresser un message de compassion aux élèves et étudiants qui vont devoir supporter les inepties de ces gens-là pendant toute une année, jusqu'aux prochaines trop courtes vacances d'été, vacances raccourcies par le socialiste franc-maçon Vincent Peillon, successivement remplacé par Benoît Hamon puis par la vicieuse Najat Vallaut-Belkacem, porte-parole du machin pour tous et de la décadence androgyne. Tout un programme - scolaire? Mais ne vous laissez pas faire, ils n'ont pas tous les droits et vous pouvez, à des fins procédurières, les attendre au tournant de la moindre digression suspecte (attaque ad hominem à peine déguisée), si ce n'est plus grave. N'oubliez pas, ne pardonnez pas, et défendez vos droits. Ainsi vous ne deviendrez pas la population docile qu'ils espèrent: "All alone, they're just another brick in the wall".

Pour ceux qui n'ont encore jamais travaillé: après l'épisode des salles de classe et des amphithéâtres, les futurs actifs qui auront la chance d'éviter de passer par la case chômage devront ensuite supporter leur patron et leurs collègues. Ils n'y gagneront pas au change, mais au moins ils seront payés, voire mal payés dans l'ordre des probabilités les plus grandes. Les petits entrepreneurs, eux, subiront la concurrence déloyale des grands, dans un système qui ne fait rien pour les aider. Et s'ils deviennent enseignants à leur tour, qu'ils se souviennent des mauvais moments passés en tant qu'élèves et étudiants, afin de ne pas reproduire le schéma. Aussi seront-ils avisés de n'intervenir par la sanction que quand la faute de leur auditeur sera avérée. Certes ils auront une rémunération ingrate par rapport aux efforts demandés, car certains traders de Wall Street gagneront encore dix fois plus qu'eux, entre déjeuners, dîners, parties de golf et voyages. Le minimum requis sera donc, dans les deux sens envisagés, la voie du ménagement de soi et des autres: ni tyran de la population en devenir, ni esclave du système.

"Suicide d’un collégien: les parents se constituent partie civile et veulent des réponses. Mattéo Bruno s’est donné la mort le 8 février 2013. Victime de harcèlement au collège Saint-Exupéry de Bourg-Saint-Maurice, l’adolescent de 13 ans s’était pendu dans sa chambre. Aujourd’hui, ses parents entendent continuer le combat judiciaire au nom de leur fils". Il faut espérer que les parents gagneront, car en refusant de punir le groupe et de protéger l'individu, les responsables de l'établissement et les enseignants concernés, en plus d'agir lâchement, se rendent complices des mauvais agissements. Preuve aussi que l'être isolé vaut mieux que la masse, et que la démocratie dans le bon sens du terme ne saurait reposer sur des critères purement quantitatifs. La bonne démocratie, c'est avant tout le bien-être de chacun. Le respect d'une charte de qualité relationnelle devrait s'imposer dans tout projet de lutte contre le harcèlement. La recherche et la réflexion autour d'une dimension objective de la qualité dépassent le seul attrait consistant à combler un vide théorique, elles constituent aussi une aide précieuse à la mise en place de bonnes pratiques au quotidien.

L'article fait état d'une violence entre jeunes, mais au-delà du laisser-faire des adultes dénoncé ici, les enseignants eux-mêmes peuvent, d'une manière plus générale, se rendre coupables de méfaits allant dans le même sens, tant les motivations de la cruauté collective se révèlent au fond irrationnelles, et par ailleurs difficiles à détecter car enclines à s'installer progressivement aux dépends d'une cible récurrente: humiliation par le recours à un objet apparemment aussi anodin qu'une balle en mousse lors d'une séance d'EPS alors que les autres lancent le poids avec des balles lourdes leur assurant une victoire écrasante, refus de répondre à une question pertinente ou de cautionner une bonne réponse, rétention de matériel nécessaire à la réalisation d'un exercice, dénigrement systématique des efforts fournis, flashes aveuglants envoyés dans les yeux à plusieurs reprises lors d'un cours de technologie, critiques injustifiées de l'attitude.

Ces exemples dépassent encore une fois les implications effectives de ce drame de l'actualité. Mais ils visent tout autant à illustrer la banalisation de la méchanceté, contre laquelle il faut lutter sans relâche. La menace procédurière fonctionne efficacement à ce titre, car en prenant conscience de cette épée de Damoclès qui pèse en permanence au-dessus de leur tête, les coupables potentiels se heurtent déjà, bien qu'en dépit de leur mauvaise volonté, à une forme de censure qui canalise leur comportement. Le souvenir des faits, quant à lui, abreuve l'arsenal argumentaire pour que la justice triomphe. L'avis du jour: notez et datez tout ce que vous vivez, voyez et entendez. Parlez-en autour de vous si vous le pouvez. Ceux qui, sans vous connaître, croient que vous n'avez pas de relations personnelles, se trompent probablement. Les vrais amis sont rares mais ils existent, et même de simples connaissances savent écouter avec bienveillance.

 

Direction #2.1: La Poste en question (27/09/2014). Code pénal - Article 226-15 (Modifié par Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000 - art. 3 (V) JORF 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002): "Le fait, commis de mauvaise foi, d'ouvrir, de supprimer, de retarder ou de détourner des correspondances arrivées ou non à destination et adressées à des tiers, ou d'en prendre frauduleusement connaissance, est puni d'un an d'emprisonnement et de 45000 euros d'amende. Est puni des mêmes peines le fait, commis de mauvaise foi, d'intercepter, de détourner, d'utiliser ou de divulguer des correspondances émises, transmises ou reçues par la voie des télécommunications ou de procéder à l'installation d'appareils conçus pour réaliser de telles interceptions".

Le 28 août 2014. Fait constaté ce jour: pas reçu exemplaire de Courrier International n°1243 du 28 août 2014 malgré abonnement en cours depuis les années 1990. Si exemplaire toujours pas reçu le 29 août, adresser courrier au service concerné du journal et signaler le fait à La Poste par le biais du 3631, en plus d'une lettre. Attendre le facteur et lui demander des explications. Essayer de s'assurer indirectement de préférence (car pas forcément fréquentables) si des voisins ne sont pas impliqués en cas d'irrégularité (voisins par ailleurs potentiellement coupables d'intrusion informatique par Wifi et donc également susceptibles d'être poursuivis pour ce motif). Systématiser ces démarches au moindre manquement. Etudier quel recours supplémentaire envisager en cas de récidive. Toujours agir dans la stricte légalité.

Le 30 août 2014. Journal toujours pas arrivé. Chaque raté pose la question d'autres courriers potentiels en souffrance. Donc rappeler tous ses correspondants pour s'assurer qu'il n'y a pas d'autre lettre retardée, perdue, bloquée, détournée, etc. Première étape: écrire à Courrier International pour leur présenter le cas. Ils devront répondre, dire si l'exemplaire a bien été envoyé ou pas, pour quel motif. S'ils sont hors de cause, c'est que La Poste n'a pas respecté son contrat. Un signalement sera fait. Chercher à connaître l'identité du postier en cause, et prévoir le recours à une voie de sanction autre que celle de la hiérarchie, en plus de cette dernière: plainte auprès de la police, même quand l'intéressé aura fini son CDD. Car cette situation équivaut à un chantage pour l'usager. En effet, le distributeur de courrier vu ce jour, qui n'était pas le même que celui de jeudi, dont il n'a pas été en mesure de révéler l'identité, a confirmé qu'il n'y avait plus de vrais facteurs, mais uniquement des CDD; cette précarité peut inciter certains agents malveillants à se croire en situation d'impunité. C'est inadmissible, et l'usager continuera à se battre par tous moyens de droits. Pour l'instant le devoir de réserve s'impose, tant que la responsabilité source n'a pas été déterminée. A suivre.

Le 12 septembre 2014. Le fait d'avoir attendu avant envoi lettre à Courrier International a malheureusement permis de constater un nouveau problème (n°1245 non reçu). Du coup la lettre partie ce jour, avec copie e-mail à l'appui, fait état de deux manquements, sans compter les autres usagers continuellement affectés. Le gardien de la résidence reconnaît le caractère général de ces motifs de plainte, les postiers ne se présentant pas quotidiennement à la loge pour faire le point sur les adresses non trouvées. Par ailleurs, des photos prises ce jour, focalisées sur le détail et rendues anonymes afin de préserver la vie privée des personnes concernées, représentent ce qui semble être du courrier abandonné, non pas mis dans mais sur la boîte aux lettres, au vu, au su et à la portée de tous.

Ce fait sera également porté à la connaissance du syndic de copropriété (qui sera aussi averti des atteintes au maintien de la propreté de l'allée commerçante), suite à l'autre lettre envoyée ce même jour. Actuellement dans l'attente de sa réaction au cours des semaines suivantes, et par ailleurs de celle de Courrier International, étape nécessaire afin d'éclaircir plus avant la part de responsabilité de chacun. Pour le cas où certains soupçons se confirmeraient, ce n'est pas tant La Poste en soi qui serait visée que les conséquences désastreuses de sa libéralisation, preuve que celles et ceux qui s'acharnent à détruire les services publics de l'Etat (ainsi que leurs exécutant(e)s), quel que soit leur bord politique affiché ou non, sont des agents nuisibles, dont il faut s'efforcer de contrer l'action localement et, si possible, globalement.

Le 19 septembre 2014. Reçu mail de Courrier International le 17 septembre, affirmant avoir bien envoyé le n°1243. Le n°1245, lui, a finalement été réceptionné, mais avec quatre jours de retard. Quoi qu'il en soit, c'est La Poste qui est en cause. D'où demande écrite de signaler à La Poste qu'elle n'a pas respecté son contrat, procédure à appliquer. Ne compte pas en rester là, donc sollicite aide journal pour faire comprendre aux intéressés qu'aucun manquement ne sera toléré et que le risque procédurier est bien une réalité. Un signalement sera fait au 3631 dès aujourd'hui.

S'agissant en fait d'un deuxième signalement, le premier ayant été suivi d'une lettre type des services locaux de La Poste qui n'avait donné lieu à aucune amélioration, la première personne contactée aujourd'hui au 3631 a procédé à une mise en relation téléphonique avec un responsable national, qui a insisté sur l'importance pour le journal d'effectuer une réclamation auprès des services de La Poste. Ainsi une enquête est en cours, qui devrait permettre de situer les défaillances dans l'acheminement. Car Courrier International a répondu par mail en ce sens, réclamation faite de sa part comme il se doit, tout en précisant, ce qui est cohérent, n'avoir aucune responsabilité dans les restructurations de La Poste, ni dans les éventuels effets indésirables de celles-ci au niveau de la réception du courrier par l'usager.

 

Direction #3: éloge de la stigmatisation et de la punition (27/09/2014 et 07/10/2014). Face à la généralisation du laxisme pusillanime et à l'illusion de sympathie collective, consistant pour les uns à fermer les yeux sur les fautes des autres en échange de la réciproque, la vertu à contre-courant s'affirmera comme une pensée radicalement normative, osant juger et condamner, en permanence sur la défensive et dans le procès d'intention, en vue d'une réforme, qui n'aboutira peut-être jamais (mais l'essai en vaut la peine), de l'être humain vers l'hyper-exigence procédurière, la rancune définitive et la défense individualiste de ses intérêts propres (identité civile, biens immobiliers et mobiliers, droits d'auteur, vie privée, réputation et dignité, etc.).

Ce qu'il faut souhaiter, dans l'espoir de précipiter la chute des élites décadentes, de leur système et de leurs suiveurs, c'est une population de petits propriétaires hargneux et fiers de l'être, toujours prêts à bondir pour monter au créneau quand il s'agit de revendiquer les limites de leur territoire propre. En bas de l'échelle, et même si notre propriété se résume à une peau de chagrin, non seulement nous guetterons la moindre occasion légale de faire tomber ceux qui se prétendent au-dessus de nous, mais en plus nous serons également impitoyables envers les petits délinquants comme envers les grands, toujours prêts à balancer aux autorités casseurs de vitrines, pollueurs, petits voleurs, racketteurs, maquereaux de bistrots, gratteurs d'aides et de subventions, pirates informatiques, internautes injurieux, voisins bruyants et autres. Contre les racailles en tous genres, sans distinction de couleur ni de culture, tolérance zéro.

Et, pour préciser plus avant l'objet de ce post, dans le but affiché d'embarrasser les uns et les autres (public, privé, administrations, entreprises, élus, syndicats, réseaux, personnalités) par une mémoire persistante, nous trouverons des espaces d’expression pour archiver et centraliser les affaires en cours publiquement dévoilées, entretien d'une mémoire de la honte qui présentera surtout l'intérêt de contribuer, même modestement, à une base de données utile pour toute argumentation et recherche à visée critique et intellectuellement incendiaire, en n'épargnant jamais personne. Ni solidarité corporatiste, ni omerta. L'humanité est une espèce malade qu'il faut obliger à se soigner de gré ou de force. Que chacun, tout en s'efforçant de rester irréprochable à l'égard d'autrui, avec l'orgueil de Monsieur Propre, ne perde jamais de vue que la seule solidarité qui tienne s'il ne doit en rester qu'une, c'est la solidarité envers soi-même. Je vais t'en foutre, de la sympathie, moi, tu vas voir:

"Accident de train de Saint-Médard (35). La SNCF mise en examen. La société ferroviaire a été mise en examen, vendredi, par un juge rennais pour blessures et homicides involontaires" (Ouest France, 30/08/2014);

"Des cartes grises… comme s’il en pleuvait! Toutes délivrées frauduleusement. C’est un gigantesque trafic de cartes grises qui est jugé ce lundi 1er septembre par le tribunal correctionnel de Nanterre. Sur la sellette, une dizaine de sous-préfectures dont celle de Boulogne-Billancourt. Et dont le cerveau est un revendeur de berlines qui travaillait en famille" (Atlantico, 01/09/2014);

"Le braquage presque parfait de deux salariés de la Banque de France. Ce n'était pas le casse du siècle – 1,8 million d'euros "seulement" ont été retrouvés – mais cela aurait pu être le braquage parfait. C'est en tout cas ce qu'avaient imaginé deux salariés de la Banque de France: dérober des billets usagés promis à la destruction dans la papeterie de la banque à Vic-le-Comte, dans le Puy-de-Dôme. Las! La martingale absolue n'existe pas, même dans les films. Les deux hommes, âgés de 56 et de 57 ans, ont été mis en examen pour vol aggravé et placés en détention dans la soirée de vendredi 12 septembre, à Clermont-Ferrand. Leurs épouses ont été mises en examen pour recel et placées sous contrôle judiciaire" (Le Monde, 13/09/2014);

"Bygmalion: un ex-responsable, mis en examen, confirme que les comptes de campagne de Sarkozy ont été maquillés.
"Abus de confiance, faux et usage de faux et complicité d'escroquerie". C'est sur le fondement de ces accusations que Guy Alvès, l'un des cofondateurs de Bygmalion, a été mis en examen mercredi 1er octobre, dans le cadre de l'information judiciaire en cours sur un système présumé de fausses factures durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012" (07/10/2014);

"L'ex-golden boy Rafik Khalifa condamné à cinq ans de prison
(AFP 7 octobre 2014 à 15:09). Il avait organisé la faillite de sa société juste avant sa liquidation. L’effondrement de son empire a causé un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l’Etat algérien et aux épargnants" (Libération, 07/10/2014).

 

Terrain des idées: axes et pistes pour une critique du socioconstructivisme (27/09/2014). Si l'on parle avec un(e) enseignant(e) se réclamant du socioconstructivisme, que cet enseignant reconnaît de son propre aveu pouvoir définir sa méthode comme un moyen de mettre publiquement en porte-à-faux son auditoire par des situations-problèmes en suscitant systématiquement la mise en œuvre de représentations que le professeur s'arrangera pour décrire comme erronées d'une manière ou d'une autre avant de faire valoir son point de vue dans le déni de l'argument d'autorité (l'expert attitré prétend rejeter celui-ci au nom de la science mais décide quand même d'y recourir dans les faits) et que, in fine, le dévoilement de sa stratégie va jusqu'à la revendication de l'enseignement comme une relation fondamentalement inéquitable et donc irrespectueuse, alors l'hypothèse d'un vice intentionnel consubstantiel au socioconstructivisme fait un pas en avant, et avec elle celles d'une défaillance politique et professionnelle. Le dispositif, a priori moins intense et plus insidieux, par exemple, que les bizutages mortels rencontrés dans certains établissements universitaires du Portugal, tenterait pourtant de s'affirmer sur la base des mêmes dysfonctionnements relationnels, attentatoires aux droits individuels les plus légitimes, comme celui de refuser de répondre à une question sans avoir développé, à ce titre, une réflexion et une maîtrise préalable. Simplement résumé, le socioconstructivisme ne respecte pas les individus.

Un autre grief à la charge de l'approche ici critiquée semble résider dans l'infantilisation de l'auditoire adulte, puisque les instituts de formation des maîtres d'école encourageant cette mouvance en viennent, par l'application indifférenciée des mêmes méthodes face aux enfants et face aux adultes, à refuser aux étudiants leur statut d'auditeur pour leur imposer celui d'élève, sans distinguo entre la psychologie enfantine et la psychologie adulte. Ces didacticiens, passant sous silence la pertinence du matérialisme et de la vénalité jusqu'à un certain point, celui des limites raisonnables de la prise de conscience réaliste des personnes aguerries, ainsi que de la compartimentation mentale, du développement personnel et de l'émergence possible d'une compassion comme autant de traits proprement adultes, ne peuvent au fond définir la maturité que par la banalité de la reproduction familiale, où l'adulte n'aurait d'autre particularité, selon eux, que celle de grands enfants faisant des enfants à leur tour. D'où une arrogance et une injustice structurelles et générales des formateurs concernés, qui traitent leur public avec le même mépris qu'ils ont pour les jeunes eux-mêmes.

Pourquoi envoyer des taupes à dessein de s'enquérir, au détour d'une conversation apparemment anodine au cours d'un stage, du bien que les étudiants dissidents ne pensent pas d'une telle équipe à moitié universitaire, à moitié de terrain, dans un cas comme dans l'autre plus déterminée dans son unilatéralité hystérique, car propre au déni évoqué précédemment, que dans le questionnement dialectique? Pour savoir la vérité mot à mot, il suffit de la demander en face, mais poliment s'ils en sont capables. Car ces accusés, accusés au stade des désaccords sur le terrain de la communication pour le moins, sont les mêmes qui vont jusqu'à revendiquer la violence verbale dont les chercheurs sont capables lors des congrès ainsi que, d'ailleurs, les sommes astronomiques investies dans un accélérateur de particules qui ne sert rien de valable sinon le profit de ces mêmes chercheurs abjects par leur parasitisme, alors que tant de problèmes majeurs affectent ce monde et méritent une attention prioritaire. Hypocrites dans leur soi-disant dénonciation des dérives de la science, alors qu'ils dérivent eux-mêmes plus qu'ils ne font œuvre de science, ils cautionnent l'agressivité, les failles du droit qu'ils tentent d'exploiter (à leurs risques et périls) ainsi que l'hôpital qui se moque de la charité. Ayant établi de visu les collusions entre leurs intérêts et ceux des instances politiques à juste titre malmenées par l'opinion publique, c'est tout un potentat malhonnête qui se fait jour, que la théorie honnête ne suffira sans doute pas à déconstruire, mais l'émergence d'une telle théorie aura au moins le mérite de contribuer à d'autres points de vue possibles.

Un terrain supplémentaire d'investigation critique transparaîtrait derrière la survalorisation des technologies de la communication et de leurs derniers gadgets à la mode selon un courant d'origine industrielle et consumériste, auquel les enseignants concernés souscrivent sans l'ombre d'une volonté contre-argumentative, puisque la défense de la liberté du citoyen devrait au contraire se fixer comme but premier le choix laissé à celui-ci d'objecter sa propre demande contre une offre arbitraire, et donc de refuser certains outils. L'attitude des concepteurs et promoteurs de tablettes numériques, attributs de l'époque du jetable et du bas de gamme généralisés aux dépends des ressources naturelles qui se raréfient, se double d'un cynisme sournois, puisqu'ils ne croient pas dans ce qu'ils s'acharnent à vendre aux autres: "Dans la Silicon Valley, les parents qui passent leurs journées à créer des tablettes, applications iPhone et jeux vidéo laissent à peine leurs enfants toucher à un smartphone. C'est ce que pointe un article du New York Times. Steve Jobs lui-même était très strict en la matière. Le journaliste Nick Bilton raconte qu'en 2010, il avait demandé au fondateur d'Apple si ses enfants aimaient les iPad. Steve Jobs avait répondu qu'ils n'en avaient jamais utilisé. "A la maison, nous limitons l'utilisation des gadgets technologiques." Dans la famille d'Evan Williams, un des fondateurs de Twitter, les enfants n'ont pas de tablette et sont encouragés à lire des livres (en papier)" (Direct Matin 17/09/2014, d'après New-York Times 11/09/2014).

Récapitulation; le socioconstructivisme c'est, entre autres: #1: une atteinte aux individus; #2: une entreprise d'infantilisation des adultes; #3: un outil au service d'une industrie qui détruit la planète. La stratégie universitaire la plus judicieuse imposerait, garante à la fois du sérieux et de l'intégrité du propos: de développer la thèse, si thèse il y avait, selon sa recevabilité académique, la construction de son argumentation et la précision de ses sources; de réserver les annexes plus pamphlétaires, comme ces messages, à une publication globale a posteriori (thèse + annexes, ou partie d’un autre type de publication le cas échéant, sérieuse et intègre mais hors cadre universitaire, comme le présent ouvrage).

 

Axe critique #3.1 des dérives scientifiques et technologiques (05/10/2014): "Méfiez-vous de vos clés USB! Et, de façon générale, de toute sorte d'appareils de stockage portatifs: disquettes, lecteurs MP3... mais surtout clés USB, préviennent deux chercheurs en sécurité informatique. Fin septembre 2014, deux chercheurs ont choisi de publier leurs travaux, comme l'explique Le Monde ce 3 octobre, relançant ainsi l'intérêt pour cette vulnérabilité nichée au cœur des clés USB. L'occasion de relire cet article publié en août" (Slate, 05/08/2014).

Une solution contre les programmes malveillants que des personnes non moins malveillantes y auraient introduits: lire les fichiers utiles des clés USB et les faire imprimer, si besoin, dans des cybercafés, pas chez soi. Les gérants de ces lieux ont intérêt à veiller à la sécurité de leurs systèmes, et personne en particulier n'y est visé, donc toute attaque privée finit, en l'occurrence, comme un coup de couteau dans l'eau. Toute cible doit se fixer pour objectif de rester hors de portée.

 

Axe critique #3.2 des dérives scientifiques et technologiques (05/10/2014): "Prix Nobel: Un an après, à quoi a servi le Boson de Higgs? Pour tout scientifique ayant déjà mis son nez dans un manuel de physique des particules, ce devait être l’une des trouvailles du siècle. La découverte du chaînon manquant à la théorie de la structure fondamentale de la matière. Il y a tout juste un an, le prix Nobel de physique récompensait François Englert et Peter Higgs pour la découverte du fameux "Boson de Higgs", une particule élémentaire permettant d'expliquer la notion même de masse de l’atome. Ce prix couronnait 32 ans de recherche, 8,9 milliards d'euros de budget et la mobilisation de 7.000 chercheurs autour de l'exploitation de l'instrument à l’origine de l’observation du Boson, en 2012: l’accélérateur de particules du Cern, le centre européen de recherche nucléaire. Pour certains, cet investissement colossal n’est pourtant pas à la hauteur de ce qu’il aurait pu apporter à la science" (20 minutes, 03/10/2014).

Ils le disent eux-mêmes: tout cela ne sert à rien. On aurait pu investir ce temps et cet argent dans des recherches utiles, autour par exemple des enjeux écologiques des activités humaines, et de la nécessité d'orienter sciences et technologies vers une restauration de l'écosystème en repensant énergies, unités de production, infrastructures et espaces urbains. La conclusion qui s'impose ne figure pas dans l'article, à savoir que les partisans des communautés scientifiques, pour autant qu'ils se complaisent dans l'état actuel du monde et de ses intrigues, révèlent un manque flagrant de probité. La course après les prix et les distinctions leur fait oublier l'essentiel, la reconnaissance d'un ordre universel qui précède et dépasse toute connaissance humaine. Le grand public, donc non scientifique, a pu s'apercevoir de l'ampleur de la supercherie et en conclure explicitement à l'impasse avant même la découverte de ce boson. 

 

Structure annexe, face pratique offensive (début) / Structure centrale, face pratique académique (début) / Jonction (05/10/2014). Dans la série "A quoi reconnaît-on un(e) enseignant(e) socioconstructiviste?", à cette question il faudra, parce que les preuves se bousculent, répondre à l'évidence: il ou elle parlent toujours de la société avec, même dans l'ambiguïté du discours, même dans l'apparence d'une démarche critique esquissée, un parti pris en faveur de la société au bout du compte, qu'il ou elle vénèrent comme leur lot commun à tous, qu'ils tiennent tous absolument à refourguer partout autour d'eux.

Puisque l'on évoque l'ambiguïté du discours, il n'y a qu'un glissement jusqu'à leur vice rhétorique. Posons un contexte à titre d'exemple, celui d'un panorama des programmes et des approches didactiques dans l'apprentissage de la découverte du monde puis de la géographie à l'école primaire en France. Les socioconstructivistes s'appuient sur une généralité: son propre point de vue versus le point de vue de l'autre, le point de vue de l'élève versus le point de vue de l'enseignant, le décentrement à opérer pour arriver à distinguer gauches et droites, sa propre gauche et sa propre droite versus la gauche et la droite d'autrui.

Rien à dire sur la distinction en soi concernant la géographie, que d'autres didacticiens pratiquent tout autant. Visuellement, physiquement, elle paraît inévitable pour aider l'enfant à concevoir la possibilité d'une représentation du monde environnant autre que la sienne. Qu'il se lève et qu'il aille observer la classe depuis le tableau où le professeur se tient d'habitude. Là où le tracé défaille, c'est précisément dans la généralisation notionnelle et, par conséquent, dans la décontextualisation. Brouiller le contexte pour mieux aliéner l'individualité, voilà l'un des propres du fait social et donc du socioconstructivisme.

Il s'agit ici, pour eux, de traiter conjointement représentation concrète et représentation éthique. L'éthique a certes des incidences concrètes, et inversement. Mais, face à l'importance de clarifier la polysémie et de déterminer un parti pris terminologique en fonction d'un contexte donné, il faut savoir si l'on parle plutôt de concrétude ou d'éthique, de sens propre ou de sens figuré. Ne pas préciser, c'est englober tous les sens des termes "point de vue".

On voit l'intérêt qu'un maître d'école bien intentionné pourrait retirer d'une évolution du propos depuis la découverte de l'espace jusqu'à l'éducation civique. En se décentrant, on va au-devant à la fois des sensations, des affects, des émotions, des sentiments, des concepts et des raisonnements élaborés par les autres. On comprend salutairement que penser différemment c'est, à la base, ressentir différemment parce que l'on ne voit pas le monde, même proche, depuis le même endroit. De prises de conscience en perspectives, on finit par aborder la notion du respect d'autrui. Rien que de louable.

Le vice, c'est la porte ouverte au relativisme que laisse une telle généralisation. Tout n'est pas qu'une question de point de vue, il ne saurait en être ainsi de façon inconditionnelle ni dans n'importe quel type de situation. Le respect d'autrui se fonde sur des principes logiques de réciprocité qui ont aidé à l'élaboration des cultures juridiques.

La cohérence interne du discours, la mise à disposition de tous les éléments que les interlocuteurs ont besoin de connaître pour apprécier les termes de l'échange, l'intelligence partagée de ce que les uns et les autres décident d'engager dans l'intérêt collectif, bref: tout ce qui contribue à révéler une dimension intentionnelle fait aussi la différence entre un point de vue irrecevable et un point de vue simplement différent. Plutôt qu'un segment physique-civique, mieux vaut en l'espèce un triangle physique-logique-civique, c'est-à-dire une stratégie d'apprentissage qui établit en permanence le lien entre ces trois paramètres. 

 

Deux chemins (10/10/2014). Un chemin ouvre sur deux autres: celui des jalons sur, au choix, celui de la recherche ou celui de l'effacement. La prise en charge de projets théoriques au stade de la démonstration scientifique, le développement d'une psychologie posale voueraient une vie et tout le temps libre d'une vie à travailler avec des idées en lesquelles l'auteur croit, mais en faveur d'une humanité en laquelle il ne croit pas. Dans ce cas, mieux vaut faire l'économie de la longue critique visible des œuvres de Berger, de Luckmann, de Vygotsky, de Bruner, puisqu'il aurait été attendu d'aller plus loin que l'écume des choses, même si l'écume des choses pose parfois plus de problèmes, du fait de son immédiateté selon l'endroit où l'on se situe, que la source dont elle émane.

Toute la difficulté d'une pensée misanthrope construite et argumentée se résume soit au fait de travailler à perte, non en raison de la pensée en elle-même mais parce que le monde entier la rejette, entraînant de la part du sujet visé, non pas insultes et attaques malgré les apparences perçues, mais simplement refus de l'injustice subie, soit une reconnaissance équivalant, au bout du compte, à un autre type de mise en échec, celui transformant l'honnête individu en homme du monde bardé de récompenses, au sein d'une espèce toujours aussi mal organisée, aussi vile et tortionnaire que l'espèce humaine, ce qui aboutirait à une imposture.

Resterait une autre possibilité, celle d'arriver à changer le monde dans le bon sens, mais nul ne peut ni ne doit accomplir seul et gratuitement un effort aussi colossal malgré des coups de gueule assumés ainsi qu'une bonne volonté, une joie de vivre et une force tranquille toujours intactes. La parole au nom de la défense des droits ne dépasse jamais la pensée, elle est juste. Il est légitime de pouvoir choisir ses modalités de participation dès lors que l'on démontre ses facultés à atteindre l'objectif prédéfini.

Et, face aux échanges quotidiens frelatés, car les lâches sont sibyllins et grégaires là où les courageux sont francs et directs, il est juste, en son for intérieur, d'identifier des ennemis et de leur souhaiter une mort rapide et sans souffrance, la même mort à souhaiter à ceux qui, tout au contraire, mériteraient le meilleur ici bas mais ont envie d'en finir tellement la pénibilité de leur existence devient pesante, sans omettre d'évoquer aussi les risques d'une paralysie, d'un temps interminable figé dans le supplice d'une santé perdue, d'une douleur permanente suite aux aléas malheureux où la médecine, honte à elle, préfère toujours l'acharnement au soulagement.

Dans le respect de la loi, sans violence ni insulte, à défaut de la mort voulue de l'ennemi, c'est la rupture relationnelle qui fera office de couperet. En public, on a intérêt à travailler avec tous, mais le veulent-ils? En privé, on a le droit de mettre toute personne à distance. C'est ce droit que le constructivisme social et ses avatars indirects, le plus gros des troupes humaines en définitive, s'acharnent à nier. Ce droit rejoint ceux au célibat et à la non-procréation afin de mettre un terme à l'aberration humaine. S'il existait encore une voie de salut pour l'homo sapiens, et l'antique sagesse le disait déjà, cette voie serait celle de son extinction.

Inutile d'y consacrer des montagnes de publications, l'œuvre critique d'une vie peut tout aussi bien, sinon mieux, s'accomplir à l'intérieur de l'âme. Face à l'horreur du cancer et du virus démographiques, soit l'humanité grouillante détruisant tout ce qui est beau et bon sur cette Terre, Malthus, qui avait raison, s'était cru obligé de produire une justification scientifique de sa thèse. Cependant, dès lors que l'on a pris conscience de la noblesse d'une pensée littéraire avec des résonances philosophiques face à la mesquinerie de la science dévoyée, l'essentiel est dit et il n'y a, en principe, rien d'autre à ajouter.

On se gardera de devenir un martyre à la Giordano Bruno, classique su et lu depuis si longtemps que personne ne peut le faire découvrir. D'ailleurs, on ne peut faire découvrir à autrui que son œuvre propre, si l'on a en une digne de ce nom. Il faut se battre pour ses intérêts et sa tranquillité tout en respectant le droit des autres aux mêmes aspirations: tel est l'équilibre, ce même équilibre que l'on s'efforce d'atteindre dans le travail entre la compétition loyale afin d'améliorer sa propre vie, et le devoir de préserver les êtres et la nature. 

Un silence choisi, en pleine connaissance de cause avec autant de satisfaction, n'a pas vocation à être définitif sauf par souhait personnel. Si les interventions se raréfient avec le temps, cette raréfaction s'expliquera également par l'inexistence d'une quelconque recherche de reconnaissance. Les œuvres humaines sont vaines, sauf par la voie d'accomplissement qu'elles ouvrent  au sujet qui les produit. "Pour vivre heureux, vivons cachés", auraient dit les épicuriens, ce à quoi les écologistes sincères ajouteront: dans la paix de l'ombre des grands arbres.

D. H. T.

http://www.dh-terence.com

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